C'est l'histoire d'un couple qui, arrivé dans la quarantaine, s'organise pour partir un an, en congé sabbatique, sac au dos, en Asie.
Petit détail : ceci s'est passé en 92-93 !
Après relecture de Routards & Cie, que Sally avait rédigé à notre retour, nous avons décidé d'en faire un blog d'une durée d'un an en respectant le texte original et sa chronologie afin d'y retrouver les émotions de l'époque.
Les 675 photos, les 65 documents scannés, les 12 dessins, les 125 vidéos et les 95 enregistrements sonores sont d'époque aussi.
Bonne lecture !

Kuta, île de Lombok, 30 juin 1993

Avant
Nous louons une moto pour visiter les environs : l’île est très vallonnée, très verte, les habitants vivent de l’agriculture et de la pêche. Très peu de touristes. Rien à voir avec la voisine, Bali.

L’autre matin, un incident technique indépendant de notre volonté interrompt le programme de la journée : la moto se cabre pendant un changement de vitesse en montée, je tombe en arrière en me brûlant la cheville sur le pot d’échappement, pendant que François, tel un cow-boy dans un rodéo, essaie de maîtriser l’engin en serrant l’accélérateur ! Nous rentrons soigner la cheville, avant de rendre la moto. J’en tremble encore !

Après


 Décidément, Lombok est l’île de tous les dangers ! Après le tremblement de terre, après l’incident moto, voici l’incident y’a-un-intrus-dans-la-salle-de-bains ; il a dû entrer pendant notre absence. Il est complètement paniqué lorsque nous pénétrons dans la salle d’eau, et s’immobilise comme tétanisé. Je cours chercher un employé de l’hôtel, je lui explique la situation, et il me suit, armé d’une longue perche dont il frappe les murs de la chambre.
Aussitôt, l‘intrus se cache prestement sous un lit puis il file à toute vitesse vers la porte. Et là, il reçoit un tel coup de perche qu’il en perd sa queue, qui continue de se tortiller par terre pendant qu’il galope vers un abri plus sûr. Pauvre tokay (vous vous rappelez, c’est un gros lézard), nous, on voulait juste le faire sortir, car son cri nous aurait empêchés de dormir.

Kuta, île de Lombok, 29 juin 1993

Virée dans les environs de Kuta, en motos avec chauffeurs. Petits villages avec les greniers à riz traditionnels, rizières à sec qui attendent la mousson, petites cocoteraies...


Tissus artisanaux dans le village de Sade



Passage chez Merpati, la compagnie aérienne intérieure indonésienne : impossible d'avoir des billets pour Labuanbajo sur l'île de Florès.

Kuta, île de Lombok, 27 juin 1993



Stop à Kuta. Nous sommes les seuls clients du Cockaroo. On nous sert les repas sur notre terrasse. Nous décidons de nous reposer ici pendant quelques jours, même si la plage n’est toujours pas à la hauteur de nos espérances.

Petit marché en bordure de plage



Réveillés à deux heures du matin par un grondement - que j’ai d’abord pris pour le bruit d’un avion - et par le tintement des vitres contre les clous qui les fixent, et le lit qui tremblote. Ça n’a duré que quelques secondes. Peut-être 3 sur l’échelle de Richter ? Aujourd’hui, les gens n’en parlent même pas ! Ils ont l’habitude.

Gili Trawangan, île de Lombok, 26 juin 1993



Depuis 2 jours nous sommes à Gili Trawangan.
Beaucoup de bâtiments en bois (hôtels, restos...) ont été détruits par la police (pilotis sciés à la tronçonneuse) à cause d'impôts impayés. On parle aussi d'un projet de golf ?
Pour les plages nous avons retrouvé à peu près les mêmes problèmes qu'à Gili Air.


[Promenade en cariole]

Gili Air, île de Lombok, 24 juin 1993



Nous quittons Bali à la recherche de la plage de rêve.
Gili Air et Gili Trawangan, deux petites îles au large de Lombok, sont vantées par de nombreux guides.

Lever à 5h30 et :
- Minibus de pick-up pour la gare des bus,
- Petit bus pour le port de Padangbai,
- Ferry pour l'île de Lombok,
- Petit bus pour la traversée de montagnes à la végétation luxuriante,
- Changement de bus à Mataram*,
- Bateau à balancier pour l'île de Gili Air,
- Cariole à cheval jusqu'à Hans Bungalow.
En tout 11 heures de voyage... pour des plages qui nous apparaissent comme impraticables.



La plage...


Vues de loin, c’est paradisiaque : plages blanches, eaux turquoises, végétation luxuriante. Dessus, c’est moins bien : ce que l’on prend pour du sable, ce sont des débris de corail sur lesquels il est impossible de marcher pieds nus, l’eau est bien turquoise, mais on ne peut s’y baigner car elle est peu profonde même à marée haute, et que les premiers coraux sont à quelques mètres du bord.

Reste la bronzette sur une plage étroite et le snorkeling dans l’eau fraîche !


* A Mataram, nous revoyons une tête déjà rencontrée quelque part. “Regarde, dit Picou, c’est l’Américain de Saïgon avec lequel nous avons partagé un taxi à l’aéroport !”

Je vais le saluer.
- Hi ! How are you ? (le type ne bronche pas). Do you remember Saïgon ?
Il finit par me répondre en anglais, avec un fort accent français, puis continue carrément en français, avec l’assent du Midi ! Bizarre, bizarre… Nous continuons notre conversation, comme si de rien n’était, chacun fouillant dans sa mémoire
- Vous êtes allés en Birmanie aussi ? Bla bla bla…
Soudain, dans mon esprit embrumé, une éclaircie :
- Vous êtes avec moi, Miroska ?
- Oui… je vois ce sympathique jeune homme avec le même T-shirt qu’aujourd’hui… il est attablé et étudie attentivement une carte… mais tout se brouille…
- Faites un effort Miroska, où ce jeune homme se trouve-t-il ?
- Attendez, ça revient, oui… je vois un restaurant, une réception d’hôtel… une grande ville… c’est Bangkok, oui c’est Bangkok, et c’est… Ah ! Excusez-moi, je suis très fatiguée… attendez, c’est la Pra… la Prasu… la Prasuri Guesthouse !
- C’est bien cela, jeune homme ? Vous avez séjourné à la Prasuri Gest-house en même temps que ce charmant couple ? Oui ? Bravo Miroska ! (Applaudissements).

    Bali, 23 juin 1993

    [Quelques photos d'une procession, comme on en voit souvent à Bali, au détour d'une route.]






    Véro est partie. 
    Nous levons le camp demain pour Lombok, en bus et ferry.
    Bali aura été une halte très agréable. Ici les gens sont doux et souriants ; tout est mignon, joli, raffiné. Comment peut-on préserver son art de vivre et ses coutumes malgré l’arrivée massive des touristes ? Demandez aux Balinais, ils connaissent le secret !
    Au fait… mes chaussures ont été remboursées !




    Bali, 22 juin 1993

    Grâce à Véro, pour une fois, nous sommes sur la même photo !

    Depuis deux jours, on écrit, on lit, on se promène dans Ubud pendant que Véro fait des randonnées et du vélo. Quel courage !
    Nous nous retrouvons à l’heure des repas. Ce soir, c’est notre dîner d’adieu au restaurant Ibu Rai. Véro repart demain vers la France. Le canard farci à la balinaise, c’est dé-li-cieux !


    L'étang du Cafe Lotus



    Bali, 20 juin 1993

    Aujourd’hui, une virée à l’extrême est de Bali. En chemin, aux alentours de Tirtagangga, c’est le choc visuel : nous surplombons les plus beaux paysages de rizières que nous ayons jamais vus. La terre nourricière devient une œuvre d’art.









    La nouvelle route de l’Est, coincée entre la mer d’un côté et le mont Seraya de l’autre, est très étroite, sinueuse. Pas plus de 20 kilomètres à l’heure sur ses montagnes russes ! En revanche, la vue est grandiose car nous dominons un paysage extrêmement contrasté : mer d’un bleu profond, écume blanche, sable noir volcanique, et bateaux colorés des pêcheurs.




    Les villages de la région ne sont guère reluisants. La mer seule pourvoit aux besoins, grâce à la pêche et à la récolte du sel. La terre est trop ingrate.

    Au retour passage par Goa Lawah.
    Il y en a vraiment beaucoup et gare à l'odeur !


    Notre activité culturelle de la journée à Ubud : la maison du peintre philippin Antonio Blanco, toujours vivant, marié à une danseuse balinaise, et vivant ici depuis des lustres.
    La jolie petite danseuse représentée sur les tableaux vient nous rejoindre ; elle a 40 ans de plus, mais elle a gardé la même délicatesse dans les mouvements des bras et des mains.
    Photos avec Dali, livres sur son mari, tableaux en cours, elle nous montre tout dans l’atelier du peintre et nous laisse découvrir d’autres pièces et le jardin. À visiter pour l’ambiance, l’architecture et la décoration.

    Bali, 19 juin 1993







    Je préfère rester dans la voiture pendant que François et Véro vont visiter le temple de Sangeh. Je transpire à grosses gouttes, mais tout, plutôt que de baisser la vitre et de voir un singe s’introduire dans la Suzuki ! Ils sont très agressifs et vivent nombreux dans la forêt qui entoure le temple ; ils n’hésitent pas à détrousser les visiteurs de leurs lunettes, colliers ou boucles d’oreilles. Aussi, il est fortement recommandé de tout laisser dans les voitures. Ils n’ont pas peur des voitures non plus, puisqu’ils sont trois ou quatre à sauter sur le capot et à se regarder dans le rétroviseur. Je n’en mène pas large.



    Nous sommes seuls au temple de Mengwi. L’occasion pour nous trois de flâner tranquillement entre les merus, d’observer les statues et les sculptures, de s’asseoir et regarder.



    Temps frais et gris sur le temple de Batukau. Légèrement en altitude, sur les flancs du mont Batukau, il est en complète harmonie avec la nature, les arbres et les oiseaux dont les chants résonnent de tous côtés.





    Bali, 18 juin 1993

    Nous louons une petite Suzuki qui ressemble à un 4x4. Direction Besakih, via Klungkung.
    Les villages se suivent de façon quasi ininterrompue le long des routes où la circulation est intense. La conduite à gauche demande beaucoup d’attention - François n’a pas conduit depuis notre départ. Beaucoup de motos, enfants à bicyclette, chiens installés sur la chaussée, poules, coqs, poussins. Dans ces conditions, il n’est pas aisé de doubler, car les routes sont sinueuses et ne dépassent pas deux voies.


    À Klungkung, trois cars de touristes sont déjà garés devant le palais de justice et le pavillon Flottant. Entre deux arrivages, François et Véro appuient activement sur leurs déclencheurs, de mon côté je tente quelques plans rapprochés sur les peintures des plafonds.





    À Besakih, il y a foule aussi, mais c’est une foule de Balinais. Ici, on est hindouiste, et il n’est pas mauvais de venir prier Brahma, Vishnou ou Shiva dans ce temple qui est le plus vénéré de l’île. Seuls les hindouistes ont le droit d’y pénétrer, mais tout le monde peut emprunter les longues allées bordées de boutiques d’artisanat qui y mènent.



    Situé au pied du Mont Agung, le temple dresse ses merus noirs sur fond de brouillard ou de nuages qui enveloppent souvent le volcan. Il s’est réveillé en 1963, faisant 1 500 victimes et détruisant de nombreuses habitations. Les Balinais disent que les démons du volcan les ont punis de leurs fautes.






    Les esprits, les démons, les dieux sont omniprésents, dans les volcans, dans la mer, dans les arbres, dans l’air. C’est pourquoi la vie des Balinais se confond avec leurs croyances : tous les matins, des milliers de délicats lamak sont déposés sur les autels, devant les maisons, ou sur les statues, pour apaiser la colère des dieux.
    Les fêtes sont très nombreuses et peuvent aussi bien marquer les semailles ou la récolte, que certaines étapes importantes de la vie. L’exemple le plus connu : les crémations dont les dates sont affichées à l’office de tourisme !






    Un coup d’œil aux boutiques d’artisanat. Même s’il est adapté aux goûts des touristes, il reste soigné et semble de bonne qualité. Ici, les fruits en bois peint vendus chez Pier Import, là des couvertures aux motifs surpiqués, d’autres en patchwork, des chapeaux en batik à armatures de bambou se repliant comme un éventail, des mobiles pour chambre d’enfant, des paréos colorés. Nous pouvons regarder et apprécier sans être agressés par les vendeurs. Comme ça fait du bien d’être à Bali !





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