C'est l'histoire d'un couple qui, arrivé dans la quarantaine, s'organise pour partir un an, en congé sabbatique, sac au dos, en Asie.
Petit détail : ceci s'est passé en 92-93 !
Après relecture de Routards & Cie, que Sally avait rédigé à notre retour, nous avons décidé d'en faire un blog d'une durée d'un an en respectant le texte original et sa chronologie afin d'y retrouver les émotions de l'époque.
Les 675 photos, les 65 documents scannés, les 12 dessins, les 125 vidéos et les 95 enregistrements sonores sont d'époque aussi.
Bonne lecture !

Paro, 30 novembre 1992

BHOUTAN
C’est Xavier, un ami qui rentrait d’un voyage au Bhoutan en septembre 1992, qui nous a mis l’eau à la bouche. Ce pays très fermé, donc mystérieux, avait attisé notre curiosité, malgré des conditions financières hors normes.


Bienvenue au Bhoutan !


Très confortable et silencieux, l’avion de la Druk Air (ex-Royal Bhutan Airways). Nous atterrissons à Paro, le seul endroit où l’on a pu construire un aéroport dans ce petit pays montagneux.
Après les formalités d’entrée et de change dans un local de quatre mètres carrés, nous nous retrouvons dehors, au froid, bientôt rejoints par un guide qui nous emmène vers notre minibus privé. Pour nous être agréable, le chauffeur a laissé le moteur en marche pour chauffer le véhicule…

Timbres à l'effigie de S.M. le roi Jigme Singye Wangchuck


La vie de pacha ? Bien obligés d’en passer par là pour visiter le Bhoutan ! Pour ne pas voir son pays envahi par les touristes, comme son voisin le Népal, le gouvernement a opté pour une politique de prix extrêmement élevés.
Impossible de voyager en routard : chaque touriste - ou groupe de touristes - est pris en main par un guide, et dispose de son propre moyen de transport. Nous avons un minibus pour nous deux, un chauffeur et un guide parlant anglais. Les hôtels sont réservés pour toute la durée du séjour, car la capacité d’hébergement est très faible en dehors de Paro, et de Thimpu, la capitale.

À l’Hôtel Olathang, notre chambre est glaciale malgré le chauffage mural et la chaufferette d’appoint. Nous essayons de nous réchauffer dans l’immense salle de restaurant où un buffet est dressé pour les trois couples d’étrangers dont nous faisons partie.


Sésame ouvre-toi


M. et Mme Pipourtoi ont appelé leur fils... Gaëtan!

Delhi, 28 novembre 1992

Opération banque : nous devons régler une coquette somme pour le voyage au Bhoutan. Armés de nos deux cartes de crédit, nous pénétrons dans la Bank of Baroda et nous dirigeons vers le service du change pour acheter nos roupies.
Une vingtaine de personnes patientent déjà. Nous attendons, car tout le monde attend, pendant que les employés discutent en buvant leur verre de thé. Certains savent pourquoi ils attendent - mais nous ne savons pas qu’ils savent -, et d’autres, comme nous, ne savent pas s’ils doivent attendre ou se précipiter sur le premier siège qui se libère devant le comptoir. L’interrogation, l’impatience, puis le nirvana dépassé se lisent dans nos yeux au fur et à mesure que les opérations s’enchaînent. Au bout de deux heures et demie, nous repartons avec sept liasses de cent billets !

Autre nouveauté à Delhi. Avant, les hautes colonnades de Connaught Place et de Connaught Circus étaient grises et crasseuses ; maintenant, elles brillent d’une nouvelle couche de peinture, les affiches qui y étaient collées ayant aussi été repeintes. Explication : à l’occasion des fêtes de Divali, les commerçants du quartier font le ménage. Étonnant !

[Old Delhi]

Old Delhi vu depuis un minaret de la Jama Masjid

Bassin d'ablutions de la Jama Masjid vu du minaret

P.S. Vous savez comment s’appelle le nouveau-né de M. et Mme Pipourtoi ?

Delhi, 26 novembre 1992

Retour à Delhi ; la boucle est bouclée. Après deux mois d’absence, nous retrouvons une ville transformée : ici aussi c’est l’hiver, il ne fait plus que 25° maxi dans la journée, et la température descend jusqu’à 15° la nuit.
Conséquence : nous avons ressorti les jeans, les chaussettes et la petite laine. Et les Indiens ? Ils sont extrêmement frileux : les plus pauvres entourent leur visage d’un morceau de tissu, à la manière d’un œuf de Pâques ; les autres portent des chaussures fermées, des chaussettes dans les escarpins et les tongs (il existe des chaussettes pour tongs avec le pouce séparé des autres orteils), un châle de laine par-dessus le sari, un gros pull ou un blouson, un foulard autour du cou, quand ce n’est pas un passe-montagne sur la tête.
Le soir, après le coucher du soleil, tout le monde reste chez soi, sauf au pied de notre hôtel. Non, ils ne viennent pas nous souhaiter la bienvenue, ils veulent seulement manger des glaces chez le meilleur glacier de la ville, Nirula’s. Une vingtaine de personnes emmitouflées dans leurs vêtements d’hiver, piétinent sur le trottoir en mangeant leur cornet glacé. Trop de monde à l’intérieur pour pouvoir s’y réchauffer.


Matinée plutôt speedée : “Alors, ça vient ce petit déjeuner, le bus part à 8 h 30 !” Œufs brouillés, corn-flakes, toasts, thé. On ingurgite tout en vitesse.
À 8 heures 30, départ pour la visite de New Delhi organisée par l’office de tourisme : observatoire astronomique (clic-clac), temple Laxmi Narayan (clic-clac), India Gate (clic-clac), tombeau d’Humayun (clic-clac), Qtub Minar (clic), boutique d’artisanat (claqués).

Mausolée d'Humayun

Détails du Qtub Minar

Qtub Minar

L’après-midi, nous récupérons les effets personnels que nous avions déposés chez Orient-Express il y a deux mois : pulls, chaussures de marche, et les guides du Routard pour la suite du voyage. Les nattes de plage achetées à Kovalam seront abandonnées ici, mais François insiste pour emporter son masque et son tuba dans l’Himalaya !

Vos lettres continuent à arriver. Vous ne pouvez pas savoir comme nous sommes fébriles le jour du courrier, et comme nous regardons les enveloppes avec gourmandise avant de les ouvrir très soigneusement à l’aide du couteau suisse de François. Nous nous installons dans un coin tranquille, et nous les lisons à voix haute et la gorge parfois serrée par l’émotion. Puis nous les rangeons dans les enveloppes, et les relisons avant de répondre. Cela devient une occupation indissociable du voyage et qui nous permet de mettre sur papier nos impressions à chaud pour vous faire participer de loin. J’espère que nous y parvenons.

Bombay, 24 novembre 1992

Nous prenons un bateau près de la célèbre Gateway of India pour l’excursion vers l’île d’Elephanta. Bof ! Les statues sont moins belles que dans notre imagination, la guide est pressée et un macaque m’arrache des mains un paquet de biscuits acheté il y cinq minutes pour calmer ma faim. Je ne l’ai même pas entamé. Je suis très vexée.


Bombay, 23 novembre 1992

Entre le 18 et le 22, cool Raoul ! Sauf pour ma tourista. Il était quand même délicieux, ce crabe au curry, non ?

Aujourd’hui, Bombay. Grande surprise à l’aéroport : les chauffeurs de taxi mettent automatiquement le compteur !
Journée de formalités : chez Orient-Express, nous trouvons un paquet de bouquins et dix lettres : Daniela est tombée amoureuse, un autre nous a envoyé une feuille d’automne, Antoine, le frère de François n’arrive pas à repérer Khajuraho sur une carte, il a reçu les lettres n° 7 et 8, mais pas la 6 - François lui a déjà envoyé 23 lettres -, Michèle m’a écrit de Thaïlande pour me signaler des plages sympas…
Passage obligé chez American Express - heureusement que nous n’étions pas pressés, puis chez Indian Airlines - heureusement que nous n’étions pas pressés - car nous rentrons à Delhi demain soir.
Un petit fax pour réserver une chambre d’hôtel. Contrairement aux idées reçues, en Inde il est très facile d’envoyer des fax ou de téléphoner à l’autre bout du monde : on trouve dans toutes les villes des petits bureaux, minables de l’extérieur, mais avec du matériel très sophistiqué à facturation automatique.
Nous entrons dans le bureau où l’employée est en pleine puja ; inutile de se rendre au temple, on peut faire sa petite cérémonie au bureau. Pieds nus, bâtonnets d’encens entre ses mains jointes, elle est en train de décrire des cercles au-dessus de l’ordinateur, du fax et de la photocopieuse pour qu’aucune panne ne vienne perturber son travail.

[sur Marine Drive]

Goa, 20 novembre 1992

L'après-midi, virée à Mapusa, à 10 km à l'intérieur des terres. Nous traversons des paysages verdoyants ponctués par les taches blanches des petites églises et des chapelles, et par les toits rouges des maisonnettes.

[Marché de Mapusa]


Bye bye Goa

Goa, 18 novembre 1992

Promenade vers Anjuna, à pied par le bord de mer. C’est jour de marché. Des étalages hétéroclites s’offrent à nous : artisanat du Cachemire, vendu uniquement par des hommes, bijoux en kit vendus par des Tibétains, vêtements de soie par des femmes en saris, et artisanat du Karnataka par des Gitanes de là-bas qui viennent à Goa pendant la saison touristique.


Elles sont photogéniques, les Gitanes, avec leurs habits colorés et leurs bijoux : foulard sur la tête, barrettes et grelots d’argent dans les mèches de cheveux devant les oreilles, colliers de pièces de monnaie, anneau doré dans la narine, caraco et jupe incrustés de miroirs, bracelets d’ivoire aux poignets, grelots aux chevilles, bagues aux orteils.
Elles s’accrochent à moi en m’appelant “sister” et me demandent un “little business” car la journée n’a pas été bonne et qu’elles ont des enfants à nourrir. D’ailleurs, les bambins sont justement là, et me tendent des breloques dans leurs petites mains potelées. Déjà en apprentissage ! Je réponds en dégainant la vidéo, mais aussi le dictaphone dont je me suis encore très peu servi.

Little business

J’enregistre des bruits et des musiques en essayant de faire quelques commentaires à chaud, du genre : “Séquence Frisson : nous sommes dans le bus - coup de klaxon - qui nous mène - coup de klaxon - à Trivandrum - coup de klaxon. Notre chauffeur - coup de frein et accélération - n’aime pas conduire derrière un autre - klaxon - bus !”
Aujourd’hui, c’est plutôt une séquence tendresse, les enfants se bousculent pour donner leur nom et écouter leur voix dans l’appareil magique…

[Anjuna]

Fin de la journée sur la plage : nous essayons de parfaire notre bronzage Maldives à grand renfort d’huile de coco du Kerala qui laisse une odeur subtile à ma peau. Je délaisse l’huile de coco de Goa car elle sent l’anguille fumée et nous rappelle les petits ports de Hollande !

Bronzage au coucher du soleil

Goa, 17 novembre 1992

Tous les jours une petite "causette" avec les Gitanes et leurs copines


[Plage de Baga]

Le ciel s’est dégagé en fin de journée, pour nous permettre d’assister, sur la plage, au spectacle du coucher de soleil. Il est particulièrement flamboyant ce soir, et les nuages dans le ciel se colorent d’un rose violacé. La mer prend une couleur lie-de-vin, les pêcheurs tirent leurs bateaux sur la plage, les enfants indiens se découpent en ombres chinoises sur les vagues.


Je viens de terminer La Cité de la joie, il faut absolument le lire. C’est non seulement un tableau de la difficulté de survivre, mais aussi une peinture de l’Inde actuelle, telle que nous l’avons ressentie, allant du sordide au merveilleux.
Les descriptions sont plus vraies que nature. Combien de fois avons-nous subi l’emprise de l’administration léguée par les Anglais ? Dans notre vie quotidienne, à l’hôtel, à la banque, dans le train, c’est le tampon qui fait le pouvoir, un fonctionnaire indien ressemble à un fonctionnaire français !
Combien de rabatteurs avons-nous rencontrés depuis notre arrivée ? Ils nous facilitent souvent la vie en nous menant vers un rickshaw, en nous conseillant un hôtel, en nous indiquant une boutique d’artisanat. Ce sont des adeptes du système D qui vivent de quelques roupies de commission. Il faut bien se débrouiller pour faire manger sa famille…
Parfois, la manœuvre tourne trop à notre désavantage car le touriste est souvent une aubaine : voir le départ de Mahabalipuram.

Goa, 16 novembre 1992

Beaucoup de difficultés pour quitter Cochin par avion, toujours à cause de la mousson, car le petit avion de Goa Way a quatre heures de retard.
La compagnie nous offre un tour de ville pour nous faire patienter : re-filets chinois, re-palais Hollandais, re, re, re… Imaginez notre tête !
Nous arrivons enfin à Goa en fin d’après-midi et rejoignons Martine et Philippe au Baia do Sol. Ouf ! Nous avons failli manquer le repas qui marque la fin de leur voyage et mon anniversaire. Au menu, langoustes et calamars frits arrosés de Riesling local !

[Bon anniversaire]

Ce matin, avant de s’envoler pour Bombay et Paris, Martine me laisse son surplus : une cape pour la pluie, de la crème solaire, des bonbons à la menthe, des piles, de la citronnelle, trois rouleaux de PQ. Mais il leur reste encore cinquante kilos de bagages !

Nous sommes à Baga, tout au bout de l’immense plage de Calangute constamment sillonnée par des vendeuses de fruits, de paréos, shorts, chemises, pantalons en soie, par des cureurs d’oreilles et des masseurs, des vaches et des chiens.


Du côté des touristes, pas mal d’Indiens. Certains viennent faire des offrandes de fleurs à la mer, d’autres font trempette : les femmes s’assoient en sari dans vingt centimètres d’eau, et poussent de grands cris à l’approche d’une vague ; les hommes entrent dans l’eau en pantalon, et en ressortent trempés jusqu’aux genoux. D’autres se baignent en maillot de bain, mais gardent leur turban. Lorsqu’ils se prennent en photo, ils aiment bien avoir un touriste occidental à l’arrière-plan : un Anglais au teint laiteux, un routard baba-cool avec son Walkman sur les oreilles, ou deux Picard déambulant sur la plage.

Malgré le temps qui semble changer, nous décidons de rester à Goa jusqu’au 21 ou 22 novembre. Tant pis pour les temples, François pense qu’il faut mieux étudier le rut à Baga. Oh, oui, mon Seigneur et Maître !

L'extrémité nord de la plage de Baga

Cochin, 14 novembre 1992

INDE (2)
Après une semaine “clean” aux Maldives, nous retrouvons l’Inde avec encore plus de plaisir : tout nous a manqué, la foule, les couleurs, les odeurs…

Quelle tristesse ! Il pleut, il pleut sans arrêt depuis Trivandrum où nous atterrissons en rentrant des Maldives.
C’est la mousson du sud-est. Elle est si vigoureuse qu’elle a traversé le sud du pays jusqu’à la côte ouest, inondant le Tamil Nadu, et faisant de nombreuses victimes sur son passage. Elle nous a rattrapés au Kerala.

Cochin nous laisse un souvenir plutôt triste. Les mauvaises conditions climatiques se doublent d’une grève des rickshaws. François est de mauvais poil, j’évite de lui parler… Nous marchons plus d’une heure avant de trouver enfin la vieille synagogue, encore rutilante - il reste 23 Juifs à Cochin - dans un quartier qui aurait sans doute bien plus de charme sous le soleil. Tant pis, on rentre à l’hôtel.

Entrée de la synagogue

Heureusement,  les bateaux qui relient les divers îlots de la ville circulent bien. Encore faut-il ne pas se tromper de bateau… Ben quoi ! Ça peut arriver à tout le monde !

Allez ! Si on se faisait une visite organisée encore une fois ? Le palais Hollandais : très belles peintures murales. Les filets chinois : en ombre (chinoise évidemment !) sur fond de ciel gris. L’Église St Francis : bof. L’île de Bolghatty : re-bof. Décidément…
C’est le spectacle de kathakali qui me laisse le meilleur souvenir avec sa séance de préparation où l’on voit un homme se transformer en un être surnaturel à l’extraordinaire maquillage.



M. et Mme de Cadix ont appelé leur fils... Abel !

Emboodhu Finolhu, 11 novembre 1992

C’est bientôt fini ! Une semaine, ça commence à faire long, je m’ennuie sur cette petite île propre et aseptisée où aucune surprise ne vient briser le rythme quotidien. Il me manque quelque chose ici !

P.S. Vous saviez que M. et Mme De Cadix ont eu un fils ?



Emboodhu Finolhu, 9 novembre 1992

François vient de récapituler son emploi de temps d’aujourd’hui. Appréciez le travail !


6:30     Réveil. De la terrasse privée de notre bungalow, nous regardons le soleil se lever. Ouaff ! Par l’échelle, nous descendons prendre notre premier bain dans l’eau chaude et transparente du lagon.
7:00     Douche. Bien savonner la petite anguille paresseuse !
7:30     Tiens, tu es là, le héron ? Comment ça va ce matin ? Pas terrible ? Bah, aujourd’hui les hérons sont fatigués !
7:35     Oh ! Le buffet du petit déj…
8:10     Bonjour la poule, t’as bien tous tes poussins ? Cot, cot…
8:45     Départ pour la plongée. Oh, là là ! Mais y’en a de toutes les couleurs. Oh, le gros là-bas ! Et les tortues à droite ! Et la raie, comme elle est gracieuse !
10:45   Retour au ponton
11:00   Bronzette. Oh, mais ça commence à chauffer ! Mets bien de la crème, hein ?
12:15   Douche. Faut dessaler l’anguille…
12:45   Bonjour, la raie dans le lagon. Vite fais une photo… mais si, pour avoir la raie sur image !
13:00   Déjeuner. Oh, là là, qu’est-ce que c’est bon. Délicieux le poisson.
14:15   Sieste. Ben oui, c’est crevant tout ça !
15:00   Bronzette. Tu crois qu’on bronze ? C’est la meilleure heure ? Ah bon !
16:00   Snorkeling. Y’en a quand même des beaux…
16:30   Re-bronzette. Tu crois que ça bronze encore ?
18:00   Coucher de soleil, allongé sur le sable, les pieds dans l’eau. Oh, merde ! C’est quand même beau la nature !
18:15   Douche. Bien savonner, bien dessaler, bien essuyer la grosse anguille !
18:30   Clair de lune depuis la terrasse du bungalow sur le lagon. Le plancton rend l’écume fluorescente… Oh merde ! C’est beau la nature…
18:45   Écriture, lecture.
20:00   Dîner. Mais qu’est-ce que c’est bon !
21:00   Re-lecture, re-écriture. J’y prends vraiment goût !
22:00   La grosse anguille turgescente va… oh non… si… oh là là… non, non… si, si, ben dit donc… le rythme des vagues… WAOUH ! Je suis le maître du monde !!!
Plouf ! Rideau ! Et demain est un autre jour.
Signé : l’homme qui spermait tout

Emboodhu Finolhu, 8 novembre 1992

Picou a déjà effectué trois plongées en mer, au bord de la barrière de corail ; ses premières plongées hors piscine, avec, en prime, des requins, des tortues, des raies, et une foule de petits poissons multicolores. Moi, je me contente de plonger la tête dans le lagon, et de nourrir les poissons.

Le bronzage est long à démarrer, mes jambes sont très légèrement hâlées grâce à l’usage intensif du short depuis deux semaines. Pour François, ce n’est guère mieux. Mais cela ne nous empêche pas de nous congratuler sur notre teint, et de trouver les autres plus blancs que nous…
Et vous, vous êtes comment ?


Emboodhu Finolhu, 5 novembre 1992

MALDIVES
Notre premier séjour aux Maldives remonte à janvier 1990. Nous avions été très déçus par l’île et l’hôtel que nous avions choisis, en décalage avec l’image de paradis terrestre qu’en donnent les organisateurs de voyages.
Nous décidons d’y retourner pour plusieurs raisons : François a obtenu son brevet de plongée, les Maldives ne sont qu’à une heure d’avion de Trivandrum, une pause-plage ne fait jamais de mal.


Ce matin, envol pour Malé, la capitale des Maldives. Heureusement, la grève d’Indian Airlines n’affecte pas notre vol.

[De Kovalam aux Maldives]

Grâce à une agence de voyages que l’on m’avait recommandée, nous réservons un bungalow pour une semaine dans l’île qui porte le nom exotique d’Emboodhu Finolhu.


Elle est tout en longueur, et bordée par une belle plage du côté océan.
Nous logeons dans un bungalow sur pilotis au-dessus du lagon transparent, face au soleil levant. Quel calme !

Kovalam, 4 novembre 1992

Plage de Varkala sans hôtels ni restaurants. Le calme.

Nous venons de faire une petite virée de deux jours vers le Nord. Pas trop fatigante. Découverte d’une nouvelle plage qui ne présente aucun intérêt à Varkala, et journée en bateau sur les backwaters entre Quilon et Allepey.

[Plage de Varkala]

Je vous explique les backwaters : c’est un réseau de bras de rivières et d'eau de mer reliés entre eux par des canaux artificiels. Des milliers d’Indiens vivent le long de ces voies d’eau où naviguent des embarcations légères aux voiles rapiécées et de lourdes barges transportant de la terre ou du coprah. Le paysage est dominé par les cocotiers et les palmiers dont le tronc penche doucement vers l’eau. Cormorans, martins-pêcheurs, et sternes s’envolent à notre passage.

[Backwaters]






L’après-midi, la pluie drue qui masque totalement le paysage nous renvoie vers d’autres occupations. Un peu de musique ? Je sors le discman et Lavilliers : “T‘as cherché, t’as cherché, t’as cherché trop loin, le bonheur qui était au creux de ta main…”

Le lendemain matin, branle-bas de combat car le Routard signale de superbes rideaux de fer peints à admirer avant l'ouverture des magasins.

Peinture sur un rideau de fer de bijouterie


Nous quittons Martine et Philippe à Allepey après dix jours de voyage commun. Un petit pincement au cœur à cause des moments de complicité et des crises de rire que nous avons partagés. On essaie de se retrouver à Goa dans quelques jours ?
En attendant, à nous les Maldives !

Kovalam, 1er novembre 1992

Madurai-Trivandrum en bus local. Traversée d’est en ouest de la pointe de l’Inde.

[Impressions sonores de la traversée]


Nous essayons en vain de nous faire déposer quelques kilomètres avant Trivandrum pour rejoindre la plage de Kovalam en rickshaw, car l'embranchement est bien avant Trivandrum. Le car entier s’insurge, et nous donne son avis par l’intermédiaire du chauffeur : “Puisque vous avez acheté des billets pour Trivandrum, vous irez jusqu’à Trivandrum et reprendrez un autre bus pour Kovalam. C’est moins cher que le rickshaw !”. Philippe est rouge de colère, une heure de car en plus après les sept que nous venons d'avaler !


Kovalam : ses cocotiers, ses plages, son village de pêcheurs, ses vendeuses de fruits frais et d’huile de coco.


Après quelques jours de découverte intense, nous avons besoin de cette halte et d’un peu de repos. Quoi de plus agréable que de prendre ses repas en regardant la mer ?

[Ambiance de Kovalam]

Les pêcheurs, qui n’ont pas abandonné leur tradition malgré le développement d’une activité touristique, continuent, chaque matin, de tirer leur immense filet vers la plage en rythmant leurs efforts d’un chant cadencé. Les restaurateurs viennent leur acheter une partie de leur pêche : calamars et sardines, mais aussi langoustes et gambas qui mettent du beurre dans les épinards !

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