C'est l'histoire d'un couple qui, arrivé dans la quarantaine, s'organise pour partir un an, en congé sabbatique, sac au dos, en Asie.
Petit détail : ceci s'est passé en 92-93 !
Après relecture de Routards & Cie, que Sally avait rédigé à notre retour, nous avons décidé d'en faire un blog d'une durée d'un an en respectant le texte original et sa chronologie afin d'y retrouver les émotions de l'époque.
Les 675 photos, les 65 documents scannés, les 12 dessins, les 125 vidéos et les 95 enregistrements sonores sont d'époque aussi.
Bonne lecture !

Delhi, 30 juillet 1993

Étalage de bangles (bracelets)


Délire à Delhi. Hôtel 55
Ça fait du bien ce petit thé l’après-midi, tu crois qu’il est d’Inde ?  Je te rends le bouquin de Miller, c’est un peu longuet !  J’envoie la carte postale avec Krishna à la gardienne, à mon avis, elle va encore penser qu’on est dans un pays de fous.  Je ne vais pas manger de glace, y a le curry de midi qui passe pas très bien.  C’est chouette pour le Cachemire, on pensait pas y aller ; et si on peut pas aller à Leh (olé !), on fera autre chose.  Tu trouves pas qu’il y a moins de mendiants sur la place ?  On a quand même moins chaud que la première fois.  Dis donc, ça fait exactement huit mois !  Elles sont bien bronzées mes jambes maintenant.  Faudrait que tu trouves un autre sac à dos pour l’appareil photo.  Pour les pulls on verra là-haut.  Et si on retournait au fort Rouge demain ?  Tiens, on aura la pleine lune à Srinagar. 

Delhi, 29 juillet 1993

INDE (3)

Retour en Inde chérie ! Nous allons rendre visite à deux Tibétains que nous parrainons, une petite fille au Ladakh, et un étudiant dans l’Himachal Pradesh.




Ce matin, à 2 heures 30, nos pieds ont à nouveau foulé le sol de l’Inde, après huit mois d’absence. Quelle joie de se retrouver ici.
Très vite, nous récupérons nos bagages, réservons une chambre depuis le bureau de l’office de tourisme ouvert toute la nuit à l'aéroport, changeons de l’argent (oh là là ! Le franc n’arrête pas de descendre depuis plus d’un mois), et nous prenons un taxi jusqu’à l’hôtel 55. Dodo !

Après le petit déjeuner chez Nirula’s, nous récupérons des livres chez Orient Express, notre “boîte à lettres”. Ça alors ! Pas une seule lettre ! Normal, c’est les vacances.
Nous reconfirmons le vol retour sur Paris chez Kuwait Airlines. Fouille à l’entrée : je dois laisser mon Opinel au gardien. Avis à la population ! Nous rentrons le 16 septembre, annulez tout, soyez prêts !



En attendant, nous avons encore sept semaines devant nous pour essayer de visiter l’Himachal Pradesh et le Ladakh.
Nous voulions commencer par le Ladakh, mais les vols sont surbookés pour plus de dix jours, car ils sont souvent annulés à cause des conditions météorologiques - mousson, vents violents.
Alors, nous décidons de passer par le Cachemire et de rejoindre le Ladakh par la route, si elle n’est pas coupée par les éboulements, les pluies, les convois militaires, les vols de canards, les bulldozers. Pour bien comprendre ce qui précède, vous avez intérêt à sortir l’atlas ; non, je ne doute pas de vos connaissances en géographie, mais une petite révision de temps en temps…


P.S. M. et Mme Ergébel sont heureux de vous annoncer la naissance d'Octave !

Bangkok, 27 juillet 1993

Offrandes

C’est encore moi ! Je n’ai rien à dire, mais je vais quand même essayer de remplir cette page !
C’est encore la rentrée des classes ici, on n’y comprend rien !
Le maire de Bangkok veut transformer un jardin de la ville en dépôt pour trains électriques (pas des jouets) !
Les mangues ont disparu, elles sont remplacées par les mangoustans et les ramboutans.

[Magasin New World]

Le patron de la Prasuri Guesthouse nous a gratifiés d’un léger sourire et d’une lueur d’étonnement dans l’œil gauche. Notre récompense après 40 nuits passées ici. Son chien, Lang, a un nouveau copain, Dick.
François a viré ses mocassins pour une paire de jogging. Qu’est-ce qu’ils sont blancs !
La mousson fait rage en Inde. Aïe, aïe, aïe, qu’est-ce qu’on va se prendre.
Selon le Bangkok Post, il fait seulement 20° à Paris. Mes pauvres chéris, je vous plains.

Salut, cette fois, c’est l’heure de la b

P.S. Oui, je sais que M. et Mme Ergébel ont eu un fils !

Koh Samet, 25 juillet 1993

Quoi ? Déjà huit jours qu’on se prélasse au rythme des vagues et du soleil ? Huit jours que nous avons adopté le programme des 3 b, baignade, bronzette, balade. J’en vois qui pensent à un 4e b.
Vous avez raison, parlons aussi de la bouffe, bien que ce mot ne soit pas bien approprié à la délicieuse cuisine de l’hôtel : ah, les curries au lait de coco, le poulet aux noix de cajou, le lassi à la papaye, le tout servi avec beaucoup de désinvolture par un personnel jeune et nombreux.

Je me souviens de mes impressions de février dernier, lors de notre premier passage : nous nous dirigeons vers la réception en traversant le restaurant où cinq ou six personnes sont à moitié endormies sur les tables ou allongées sur les bancs. Je me dis : “Y a beaucoup de locaux qui viennent manger ici, le restau doit être bon.”
C’est pas ça du tout ! Ici, ce sont les employés qui dorment à table quand ils n’ont rien à faire ! Parfois, le caissier disparaît, mais tout le monde sait qu’il est devant le miroir, en train de craquer ses boutons acnéiques. Idem pour le cuisinier.

Je passe rapidement sur l’armée des petites serveuses qui ne parlent que le thaï, et qui se trompent systématiquement de table ; elles t’apportent un club sandwich alors que tu as commandé des beignets de crevettes, et quand tu demandes un second café, c’est le sel et le poivre qui atterrissent sur la table ! Et passons sous silence le serveur qui imite Michaël Jackson dans “Ma braguette a craqué” en plein dîner.

Depuis quelques jours, les Français arrivent en masse, en même temps que les autres touristes : on les voit de loin, ces corps blancs avides de soleil et de liberté, vite retranchés à l’ombre d’un cocotier, là où tombera peut-être dans cinq minutes la noix de coco.

La plage voisine, plus longue que la nôtre, ne manque pas d’intérêt. S’y est installé depuis quelques jours un groupe d’Italiens (Pléonasme ! Les Italiens sont toujours en groupe !) : les dames sont assises en rond sur le sable et passent des heures à s’épiler les jambes avec leurs petites pinces, mais ça ne les dérange pas de montrer les poils sous les aisselles lorsqu’elles se recoiffent ! Faut-il y voir un symbole sexuel ?

Et voici le retour des masseuses-coiffeuses-manucures sur la plage. De loin, on entend leurs voix nasillardes : “Massaaaage Mister, Massaaaage Missiiiiiiiiz ?”. Elles portent toutes un large pantalon, des chemises à manches longues et un grand chapeau de paille pour se protéger du soleil.
Dans leurs petits paniers, elles transportent flacons de dissolvant, de vernis à ongles, d’huile, et… des perles en plastique. Ah bon ? Pour quoi faire des perles en plastique ? Je vais vous le dire : pour que toutes les femmes, même les plus grosses et les plus vilaines puissent se prendre pour Bo Derek, et puissent courir sur la plage au crépuscule en sentant leurs petites nattes terminées de perles faire clic-clic dans le dos !

Bon, je vous laisse, c’est l’heure de la b

Koh Samet, 20 juillet 1993

THAILANDE (5)
Home, Sweet Home…

Nous voici revenus dans cette petite île, à 250 kilomètres de Bangkok, où nous avions déjà séjourné en février dernier.
À notre grand étonnement, nous n’avons aucune difficulté à trouver un bungalow dans le même hôtel. Tout est encore à moitié vide, et cela défie toutes les lois sur le tourisme de masse ! À cause de la crise ? De la mousson ? Des moustiques ? Les plages sont presque vides, sauf le week-end quand les habitants de Bangkok viennent prendre un bain de pieds.

Lorsque nous arrivons, nous sommes aussitôt reconnus par le Chinois à la réception et un serveur. On nous confie trois ou quatre clefs. Allez voir tous seuls, faites comme chez vous !
Nous choisissons un bungalow à l’écart, sur une petite butte d’où l’on domine la plage et la mer. Le matin, les premiers rayons du soleil nous titillent par la fenêtre, c’est signe de beau temps malgré la mousson.

Nous retrouvons les moustiques, et les mystérieux insectes qui nous font de si beaux boutons. On joue à celui qui en aura le plus, de boutons.
Malheureusement aujourd’hui, mon état est stationnaire : 26 dans le dos, j’ai peur de perdre. Après avoir longuement réfléchi sur l’origine de ces piqûres qui embellissent uniquement les parties non recouvertes par le maillot, les conclusions sont les suivantes : l’insecte vit dans le sable sec. Depuis, nous ne nous allongeons plus que sur le sable mouillé et dur, et ça à l’air de marcher.
Je n’ai quand même pas de chance avec mes jambes qui ont dû supporter une longue série d’épreuves : la glissade sur une peau de banane à Madras, l’épilation à la cire trop chaude à Bali, la brûlure sur le pot d’échappement d’une moto à Lombok, et enfin les dizaines de piqûres d’insectes vicieux à Koh Samet ! Cependant, j’ai plaisir à préciser que Picard n’est pas dégoûté.

Tiens, à propos de Picard, les dernières nouvelles : depuis quelques jours, je le vois souvent passer de longues minutes devant le miroir de la salle d’eau, lissant délicatement ses cheveux en un avorton de queue-de-cheval. Y a toujours une mèche qui se défile, des frisottis qui retombent dans la nuque, et puis la queue est trop à droite, ou trop à gauche, bref, c’est la chi-en-lit ! Pas facile de ressembler à Karl Lagerfeld.


Singapour, 13 juillet 1993



Délire à Singapour - Hôtel San Wah
Faut remettre la clim. On n’entend plus les chatons miauler, la mère a dû venir les chercher.  Qu’est-ce qu’il tousse le pépé !  J’ai mes croûtes qui partent.  Faire la valise.  C’est loin de Delhi à Leh ?   J’ai eu le nez tout à l’heure ! Une semaine de plage, ça serait super.   Elles ont une drôle de gueule tes chaussures.  On va à la poste demain matin ?  Faut goûter les fruits qui ressemblent à des artichauts.  Faire la valise.  Je me sens mieux avec les ongles courts.  Le slip est pas encore sec.  Faut pas oublier la taxe d’aéroport.  Elles couinent mes tongs.  Je mangerais bien des noodles ce soir.  Faire la valise.  Avec la pluie il fait moins chaud maintenant.  Demain, prendre les billets à côté.  Tu stabilotes quoi sur la carte ?  C’est pratique le bus pour l’aéroport.  Des noodles et des fruits.  On est peinards ici.  Faire la valise.  Faut encore changer des francs ?  Dans 15 jours en Inde, mais, demain, on va à la poste, on fait la valise, on prend le bus, et on s’envole pour Bangkok. 

Singapour, 12 juillet 1993



Comme c’est bon de se retrouver chez notre pépé chinois ! Et de manger un plat de nouilles sautées au petit déjeuner dans la galerie marchande voisine !

Nous n’avons que l’embarras du choix pour nous nourrir. Par exemple, les hawkers qui sont très populaires : il s’agit d’une multitude de stands de nourriture, généralement en plein air ; on peut commander un plat à l’un, les boissons à l’autre, et l’on s’assoit à n’importe quelle table - elles sont généralement fixées au sol.

Des serveurs apportent les plats tout en draguant d’autres tables sur leur passage et en interpellant ceux qui cherchent une place. Des milliers de personnes déjeunent de la sorte pendant la courte pause du déjeuner avant de vite retourner au bureau, téléphone de poche toujours à portée de main ! Efficacité avant tout !
Plus chics, les “food courts” des centres commerciaux. Ainsi, celui du Scott’s Center qui ressemble à une immense cafétéria de 700 places : cuisines indienne, pakistanaise, sri-lankaise, chinoise, végétarienne, et autres. On ne sait plus où donner de la fourchette !
Ne pas sous-estimer les innombrables McDo pour leurs petits déjeuners… et leurs frites !

Nous venons de décider de repasser par la Thaïlande, en attendant que la mousson se calme en Inde. Chouette, une petite semaine de plage à Koh Samet pour nous redonner des couleurs ! J’en suis toute ravigotée.



Singapour, 11 juillet 1993

SINGAPOUR (3)
Home, Sweet Home !

Voici un résumé de la journée :
06:00   Petit déjeuner à l’hôtel Permata Sari de Maumere
09:00   Snack sur le vol Maumere-Bima
11:00   Snack sur le vol Bima-Den Pasar
12:30   Déjeuner à l’aéroport de Den Pasar
16:30   Repas chaud sur le vol Den Pasar-Jakarta
18:00   Repas chaud sur le vol Jakarta-Singapour
19:30   Mon bagage n’est pas arrivé à Singapour. Saut en ville pour réserver (payer) une chambre chez Pépé.
22:30   Je retrouve mon sac à dos à l’aéroport, sur un autre vol en provenance de Jakarta. Ah, que je suis contente ! J’avais laissé mes notes de voyage dans le bagage, c’est la seule chose qui m’importe vraiment…
Quand est-ce qu’on mange ?




[Annonce sur le vol Jakarta-Singapour]

Maumere, île de Florès, 10 juillet 1993


Ouf ! On l’a, notre vol pour Den Pasar, et pour demain. Cela nous remet du baume au cœur, nous allons revoir Singapour et le pépé de l’hôtel, manger des dosas, des Big Mac…

Maumere, île de Florès, 9 juillet 1993

Balisier (ou heliconia caribaea

Ne croyez pas que l’on puisse quitter Florès sur un coup de tête, du jour au lendemain.
D’Ende, pas de places pour Den Pasar avant sept jours. Quand on se rappelle que les avions font 22 sièges, et que l’un des deux appareils qui desservent Ende s’est crashé en mer la semaine dernière…
L’employé de Merpati nous conseille d’aller jusqu’à Maumere où l’avion quotidien est plus gros, mais il ne peut effectuer la réservation.

Ce nouveau trajet de bus, entre Ende et Maumere, nous a fait découvrir la plus mauvaise partie de la route, non goudronnée, trois chaînes de montagnes à traverser, un col sous les nuages et la pluie, et des paysages grandioses.
Nous arrivons à Maumere hier après-midi. Toujours la même histoire : c’est vendredi, et les bureaux de Merpati sont fermés. Chez Bouracq, une compagnie concurrente, ouverte le vendredi, pas de place avant dix jours.

Le spectacle qu’offre Maumere n’est pas plus réjouissant que celui d’Ende : on s’approche de l’épicentre du séisme, à 30 kilomètres en mer. De nombreuses maisons n’ont toujours pas été reconstruites, les toits sont écroulés, des amoncellements de décombres s’alignent sur des terrains devenus vagues, sable, gravier et pierres attendent les maçons. Un nouveau marché couvert a remplacé l’ancien devenu trop dangereux, et la mosquée continue à accueillir ses fidèles derrière des murs de tôle.

Ende, île de Florès, 7 juillet 1993

Alpinia


Nous venons de nous refaire environ 150 kilomètres en huit heures, dont deux heures de racolage à Bajawa ! Nous voyons la ville se réveiller, le marché s’animer, la circulation s’intensifier ; quelques passagers commencent déjà à vomir par la fenêtre entrouverte avant même le véritable départ !

Petit à petit, le bus se remplit, on sort des tabourets d’appoint, l’allée est encombrée de sacs de riz, de noix de coco, les bagages s’amoncellent sur le toit - matelas roulés, biquette, poulets. Le bus, qui compte environ 25 sièges, finit par accueillir une quarantaine de passagers, dont certains voyagent à l’air libre sur le toit. Ende n’est pas une petite ville charmante à l’architecture originale. Ende a subi les dommages du tremblement de terre de décembre 1992. De nombreux bâtiments en dur sont encore à moitié démolis, car la reconstruction s’est d’abord tournée vers les églises et les mosquées.

C’est décidé, nous n’allons pas plus loin. 
Retour à Singapour dès que possible !

Bena, île de Florès, 6 juillet 1993




Ce matin, visite d'un beau village traditionnel Ngada - voir le Quid, chapitre Ethnologie - du nom de Bena.
Les bus n’y passent pas, nous devons louer une voiture. Je vous entends d’ici : “Et il est où, le bureau Avis-Hertz à Bajawa ?” Ben, y’en a pas ! Il suffit d’en parler autour de soi : c’est le patron du restaurant Wisata qui propose de nous conduire en jeep jusqu’à Bena.


Une route sauvage, défoncée, étroite et sinueuse, bordée de fleurs et de bambous géants nous mène jusqu'au village, au pied du mont Inarié.



Nous voici au cœur de la nature, environnés de cris d’oiseaux inconnus, enveloppés dans la brume matinale, à mille lieues de la civilisation. Ah bon ? Il faut payer un droit d’entrée ?



Séchage du maïs

Mais le village est beau, serein : les maisons sont en bambou, avec un toit de palmes ; sous quelques vérandas, des femmes travaillent devant leur métier à tisser, dents et lèvres rougies par une chique de bétel, chiens et enfants autour d’elles.


La pluie s’est mise à tomber, et nous nous sommes assis sous une véranda au milieu des enfants enveloppés dans leur sarong. Je leur fabrique la cocotte-qui-remue-les-ailes-quand-on-lui-tire-la-queue, et je leur montre mon tour de magie favori. Grand succès, comme d’habitude !



En échange, ils nous chantent leurs airs préférés, à très nette tendance polynésienne ; un petit moment de bonheur que j’enregistre sur le dictaphone.

[Chansons d'enfants]


La population est très mélangée à Florès : certains ont le type malais comme à Java, d’autres sont d’origine chinoise - comme d’habitude, ce sont les commerçants -, et d’autres annoncent déjà les îles du Pacifique, avec leurs cheveux crêpus, et leur nez épaté.



La plupart des habitants sont catholiques, version animiste, et l’on nous demande souvent quelle est notre religion. Je peux alors prendre mon plus bel accent et répondre en indonésien : “Katolik.” Alors, les yeux s’arrondissent d’étonnement, et semblent dire : “Nous sommes donc du même monde !”

Vous ne le savez pas, j’ai fait de gros progrès en indonésien. Maintenant je parle aussi bien indonésien que Picou anglais, et comme lui, j’ai beaucoup de mal à comprendre les réponses…

Bajawa, île de Florès, 5 juillet 1993


[Musique dans le bus entre Labuanbajo et Bajawa]

Nous avons déjà traversé un tiers de l’île, et notre enthousiasme retombe peu à peu. Certes, l’unique route qui va d’ouest en est traverse des contrées montagneuses et volcaniques, verdoyantes et fleuries, mais à par ça… Certes, la vie dans le minibus est drôle à observer, mais au bout de cinq ou six heures de voyage… C’est le temps qu’il faut pour parcourir 150 kilomètres, la longueur moyenne de chacune de nos étapes.

[Appel à la prière]

Labuanbajo, île de Florès, 3 juillet 1993

Cliquez sur l'image, pour mieux voir l'itinéraire prévu, qui est en jaune

Mais oui, nous sommes bien partis, après que la piste de l’aéroport de Bima a été dégagée
 du troupeau de chèvres qui s’y promenait. Seulement deux heures de retard !
La salle d’embarquement est pleine à craquer, pour un coucou de 22 sièges, c’est curieux. À l’annonce du départ, toute la foule se lève, les hommes sortent discrètement un mouchoir, les femmes essuient leurs larmes avec leur voile et chacun dit au revoir à LA jeune fille en pleurs qui se dirige vers la porte d’embarquement !

Ambiance très sympathique au Bajo Beach où nous sommes actuellement - ne cherchez pas la plage, elle est à deux kilomètres ! Le personnel est aux petits soins pour ses routards de clients. La plupart d’entre eux quitteront le port de Labuanbajo pour l’île de Komodo, où nous avons décidé de ne pas aller voir les varans dévorer les chèvres devant les touristes.

Une courte promenade dans la rue principale de Labuanbajo ne nous laisse aucun doute quant à la date de notre départ vers l’est de Florès : ce sera demain à 7 heures !
En bus local.

Bima, île de Sumbawa, 2 juillet 1993

Marais salants vus d'avion

Nous voici dans un trou perdu, où nous avons dû faire escale, faute de places disponibles jusqu’à Florès.
Le bureau de Merpati à l’aéroport ne peut faire les réservations (!), nous nous rendons en ville puisque, de toute façon, nous devons au moins passer une journée à Bima. Pas de chance, c’est vendredi, c’est musulman, c’est l’heure de la grande prière, c’est fermé.


Allons déjeuner. Voulez-vous un petit topo personnel sur la nourriture indonésienne ? En France, dans tous les restaurants indonésiens, on propose une table de riz ou rijstaffel. Ici, il n’y en a nulle part sauf, peut-être, dans les restaurants de luxe, car c’est en fait un menu dégustation inventé par les Hollandais, destiné à faire découvrir la nourriture locale.
Pour nous, les plats qui reviennent le plus souvent sont le riz frit - nasi goreng -, et les nouilles sautées - bami goreng - avec des légumes, ou de la viande en petits morceaux.
Mon plat préféré, celui sur lequel je fais des études quasi journalières s’appelle le gado gado (ou gado 2). Il s’agit d’un assortiment de légumes cuits - épinards, pommes de terre, haricots verts, germes de soja, etc.- mélangé avec des cubes de tofu, le tout recouvert d’une épaisse sauce marron à base de cacahuète et piment. Il est souvent nécessaire de tempérer la “chaleur” du piment par une assiette de riz blanc.
Les fruits sont excellents ; papayes, pastèques, ananas, et nous découvrons en Indonésie 36 sortes de bananes toutes plus délicieuses les unes que les autres. Il existe également un fruit en forme de figue, à la peau de lézard :  le salak croquant et acidulé dont c’est la pleine saison. Fin du chapitre culinaire.



Après le déjeuner, nous retournons au bureau de Merpati : un billettiste est occupé avec un client ; autour de lui, ses collègues bavardent joyeusement devant le distributeur de boissons, un autre va ranger sa bicyclette dans le bureau du fond, bref, tout le monde est bien occupé ! On aurait dû emporter de la lecture.
Après un certain temps, c’est notre tour : “Nous aimerions réserver deux places pour Labuanbajo demain, s’il vous plaît.” (surtout rester polie).
Le type fronce les sourcils en regardant fixement les billets que je lui tends : “Il faut revenir demain matin”, dit-il.
- Mais, le vol décolle le matin, que je lui réponds en essayant de rester calme.
- Nous devons attendre la liaison radio avec Den Pasar qui centralise les réservations, rétorque-t-il, on ne sait jamais si on va pouvoir les joindre.
Nous décidons d’attendre. Quel miracle ! Cinq minutes plus tard, nos places sont confirmées par une voix sortie de 20 000 lieues sous les mers, et nos deux noms viennent s’ajouter à la liste manuelle, raturée et fléchée dans tous les sens. Apparemment, nous partons demain.

Mataram, île de Lombok, 1er juillet 1993

Nous quittons Kuta pour Mataram où nous essayerons de trouver un avion pour Florès. Il paraît que ce n’est pas facile…

Datura

A Mataram, le
bemo ne connaît pas l'hôtel que nous avions sélectionné et nous laisse en plan dans le centre-ville. Nous voyant un peu perdus, une personne nous propose de nous aider. Coup de chance, c'est le propriétaire du Oka Hotel. Second coup de chance, son hôtel de 5 chambres, se révèle très agréable !


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