C'est l'histoire d'un couple qui, arrivé dans la quarantaine, s'organise pour partir un an, en congé sabbatique, sac au dos, en Asie.
Petit détail : ceci s'est passé en 92-93 !
Après relecture de Routards & Cie, que Sally avait rédigé à notre retour, nous avons décidé d'en faire un blog d'une durée d'un an en respectant le texte original et sa chronologie afin d'y retrouver les émotions de l'époque.
Les 675 photos, les 65 documents scannés, les 12 dessins, les 125 vidéos et les 95 enregistrements sonores sont d'époque aussi.
Bonne lecture !

Koh Samet, 25 février 1993



Encore un moment difficile à passer… je veux dire pour vous ! Nous voici de nouveau en bord de mer, à Koh Samet cette fois.


C’est une petite île qui compte plusieurs plages, séparées les unes des autres par des avancées rocheuses franchissables à pied à marée basse. Pas de route goudronnée, mais un chemin sablonneux pour les pick-up qui servent de taxis, et deux sentiers pour les promeneurs.
Pas de bâtiment en dur - l’île est un parc national - donc pas de grands hôtels, pratiquement que des bungalows plus ou moins esthétiques. Beaucoup de tôle ondulée sur les toits, mais peinte en vert c’est plus joli.
Notre pied-à-terre, chez Tubtim (Ao Pudsa), est au calme, c’est-à-dire loin de la paillotte-restaurant où l’on diffuse de la musique, et où l’on passe des vidéos le soir.
La plage est petite et peu fréquentée, l’eau chaude et limpide, et le sable très blanc. (j’ai déjà vu ça quelque part, non ?)

Mais ne croyez pas que tout soit rose, car vers 17 heures ILS ATTAQUENT ! Qui donc ? Quel est ce mystérieux ennemi ? Nous avons fait la paix avec les Anglais, les Allemands, les Italiens, les Japonais ! Tiens, notre ennemi tiendrait un peu du Japonais, et plus précisément du kamikaze, car c’est THE MOUSTIQUE - de souche résistante, dit-on dans les guides -, celui qui passe sans faire de bruit et qui pique à travers les vêtements.
J’ai tout un arsenal de défenses : crèmes, essence de citronnelle, bombe pour vaporiser la chambre ; de plus, les fenêtres et la double porte sont équipées de moustiquaires.

Gecko croqué par Sally


J’oubliais le gecko, ce petit lézard qui nous débarrasse des insectes attirés par la lumière électrique : il se poste sur les murs ou les plafonds, près d’une lampe, et attend patiemment le passage des insectes à portée de langue. Le soir et la nuit nous entendons son petit cri qui nous est devenu si familier depuis l’Inde.


Quoi ? Tu vois autre chose ?

Bangkok, 18 février 1993

THAÏLANDE (2)
C’est avec plaisir que nous revenons à Bangkok. De nouvelles habitudes s’installent petit à petit. En ligne de mire : la plage !

21 heures. Chambre 405 de la Prasuri Guesthouse. Ventilo et air conditionné en marche.

Retour en Thaïlande ce matin. Une heure de vol entre Rangoon et Bangkok, mais deux heures pour rejoindre la guesthouse dans les encombrements provoqués par la visite du président hongrois à Bangkok.
Nous avons l’impression de rentrer à la maison après deux semaines de voyage.

Dans le courrier, plein de choses sympathiques parmi lesquelles le guide Vietnam et ta lettre de début janvier, ainsi que ton fax du 1er février envoyé du bureau avant 9 heures du matin, et dont l’existence ne ferait pas plaisir à qui tu sais, vu qu’il faut réduire les frais au maximum pour essayer de passer cette putain d’année 93 sans avoir à licencier du personnel dans les services où le chiffre d’affaires est en baisse, et où les gens sont payés à rien faire !


Carte envoyée par Véronique et Daniel
d'une gouache d'Emile Rampelberg

Je vous laisse, maintenant nous allons faire décanter la Birmanie sous les cocotiers !

Rangoon, 17 février 1993

Offrandes


Dernier jour. Si on retournait une dernière fois à Shwedagon ? Si on se faisait encore un yaourt aux fruits… et des cailles frites ce soir ? 

[Ambiance de Shwedagon]





Rangoon, 16 février 1993



Les jours coulent doucement à Rangoon. Bien que la ville soit moyennement intéressante, l’ambiance et la chaleur humaine en font une étape attachante.
Nous déambulons au petit bonheur sur les avenues commerçantes où l’on peut acheter du matériel de contrebande - mini-imprimantes d’étiquettes, derniers Nikon, discmans - et nous redécouvrons les quartiers aux bâtiments recouverts de peinture jaune, beige, verte ou bleu pâle qui leur donne un regain de jeunesse.



Sébastien, qui habite le sordide Garden Hotel, vient nous raconter ses journées : l’Australien avec lequel il partageait sa chambre a laissé sa place à un Autrichien buveur de lait qui l’accompagne dans ses sorties nocturnes. Ils se sont laissé embarquer et taper par un type louche qui doit les emmener dans une fumerie d’opium demain soir. En attendant, nous décidons d’aller manger des cailles frites dans le quartier chinois, vers la 18e rue.
Armés d’un morceau de papier portant le mot “caille” en birman, nous finissons par trouver l’oiseau de nos désirs : sur le trottoir, à l’angle de deux rues, un grand Indien fait cuire des cailles dans un wok ; nous nous arrêtons pour regarder, et nous provoquons aussitôt un attroupement. Trente secondes plus tard, nous sommes assis sur de minuscules tabourets et sirotons une bière fraîche pendant que les cailles cuisent dans leur bain d’huile. Elles nous arrivent croustillantes et juteuses. Quel régal, quelle ambiance ! Tout le monde est heureux !




À part des cailles, qu’est-ce qu’on mange ici ? Beaucoup de nourriture chinoise, comme tous les Birmans : riz frit, nouilles sautées, soupes, thé chinois souvent gratuit et servi à volonté. Nous avons également testé les restaurants indiens : en effet, comme les Anglais trouvaient les Birmans un peu trop paresseux, ils ont “importé” des Indiens, plus dociles et plus travailleurs… Leurs descendants sont toujours ici, et servent le poulet biriyani à la main dans les gargotes d’Anawrahta Street.
Les petits déjeuners à Rangoon sont un véritable plaisir : yaourt maison et fruits frais dans un petit restaurant crasseux nommé Nilar Win. Pour varier les plaisirs, nous apaisons aussi notre fringale du matin dans les pâtisseries où l’on attire l’attention du serveur en faisant un bruit de petit bisou.



Tous les jours, on se dit que les Birmans sont des gens formidables : vivant misérablement et continuellement dans la crainte de la fausse dénonciation ou de l’enlèvement, ils gardent une joie de vivre que l’on ne peut s’empêcher d’admirer.
L’homme de la rue est très amical : il nous salue d’un grand geste et s’approche de nous en souriant, il peut même nous taper dans le dos comme s’il retrouvait de bons copains !
Parfois, il a quelque chose à demander ou à vendre : “Change dollars, sell something ? I buy everything. Good price !”



En revanche, j’aime moins les bonzes : ils ne te saluent pas, ils ont la mauvaise habitude de se faire inviter dans les restaurants, de tendre leur bol vers toi pour que tu y déposes une offrande ressemblant à un billet, ils aiment qu’on leur cède une place dans un bus archibondé. Ils sont reconnaissables à leur robe carmin, et à leurs lunettes de vue qui foncent au soleil. Aurait-il trouvé la bonne planque ?




Enfin, dernière catégorie, et non la moindre, celle des militaires, policiers et “espions” : les premiers sont installés sur des lieux éminemment stratégiques, tels les pagodes, le musée de Rangoon, ou la poste, déjà protégée de l’ennemi par des barbelés. Pour plus de sécurité, ils portent une mitraillette !
Pour ce qui est des “espions”, c’est plus subtil, car ils sont en civil et surveillent les touristes, pour les empêcher de préparer une révolution ou un coup d’Etat… Nous pensons avoir été accostés par des “espions” à plusieurs reprises : le frère du chauffeur de taxi à Amarapura, un étudiant en anglais posté devant notre hôtel à Mandalay, un faux guide à Shwedagon, et peut-être d’autres.
Qu’en pense Sébastien qui a été questionné par des policiers qui lui ont confisqué son passeport pour avoir assisté à une course de bœufs, prétendument interdite aux étrangers ?

Rangoon, 13 février 1993

Voyage en train de Mandalay à Rangoon : 630 kilomètres en 19 heures.

[Ambiance de gare]

On se trouve une chambre dans une guesthouse du centre-ville : c’est hyperclean, air conditionné - il fait très chaud.
L’ambiance est légèrement militaire : à la réception des affichettes accrochées aux murs nous disent : “Les clients sont priés d’être bien habillés en sortant de leur chambre” ou bien “Silence”. Même dans les toilettes communes : “Veuillez utiliser autant d’eau qu’il sera nécessaire.” Il s’agit, en effet, de toilettes asiatiques, donc à la turque, avec gamelle et robinet d’eau.

Offrandes

En arrière-plan, l'immense dôme de Shwedagaon

Contrairement à Mandalay, Rangoon n’est pas une ville calme. Dans le centre, autour de Sule Pagoda et sur les artères environnantes, la circulation est dense : voitures japonaises, petits taxis au moteur de scooter, vieux cars chinois, anciens bus de ville français portant encore leurs plaques minéralogiques d’origine. Quelques feux aux carrefours, où il est fréquent de voir des véhicules faire marche arrière pour ne pas gêner les piétons qui traversent. Ou bien, faut-il dire : les voitures qui ont légèrement dépassé le feu rouge se dépêchent de reculer pour ne pas avoir d’ennuis avec la police ?
Les trottoirs sont aussi animés que les chaussées car de nombreux marchands s’y installent : les vendeurs de vieux livres de médecine ou de comptabilité en anglais, de briquets, coupe-ongles, punaises à l’unité, porte-savon, de photos d’Aung San, fondateur de la Birmanie actuelle, ou de bonzes vénérés.
Beaucoup de restaurants aux petites tables basses et aux minuscules sièges qui nous donnent l’impression de jouer à la dînette.




Ici, c’est la pagode Shwedagon qui attire les foules. C’est un peu la promenade du dimanche où l’on vient en famille pour pique-niquer et pour prier. On ne prie pas seulement Bouddha, mais aussi les Nats qui sont au nombre de 37. Ils portent des noms évocateurs tels que M. Beau et Mme Dorée, le Seigneur des Cinq Éléphants, la Dame aux Jambes Arquées, et sont plutôt des méchants. C’est pourquoi les Birmans viennent leur faire des offrandes pour ne pas s’attirer leurs foudres.





Pour gagner beaucoup d’argent, réussir aux examens, guérir d’une maladie, il est aussi possible de venir prier, mais il est plus efficace de lancer une pièce de monnaie ou un billet dans le bol adéquat qui avance sur des rails derrière des grilles protectrices !
Mais revenons à Shwedagon dont le stupa central serait recouvert de 700 kilos d’or, 5400 diamants, 2300 rubis et saphirs, ainsi que d'une énorme émeraude. Des dizaines de petits bâtiments, stupas dorés et pavillons entourent le dôme central ; on ne sait pas très bien où regarder tant il y a à découvrir. C’est notre seconde visite, menée au pied levé par un vieux bonze ayant étudié en Angleterre. Parfois sollicité par des fidèles, il leur présente son éventail de méditation pour qu’ils puissent y glisser un billet d'offrande…





Mandalay, 12 février 1993

Parking des vélos...

Impossible de quitter une ville sans une promenade sur le marché local : on y vend des fruits et des légumes, du poisson séché, des cigares birmans, appelés cheerots, à la saveur douce d’une cigarette blonde, de l’eau fraîche provenant de glaçons qui fondent au-dessus d’un filtre. On parle, on rit beaucoup, et l’on détourne parfois la tête devant l’appareil de François ou ma caméra.





[Musiciens vus sur la vidéo ci-dessus]


Pour se protéger du soleil, les femmes portent des chapeaux, et du tanaka. Explication : prendre un morceau de branche de tanaka - je ne connais pas le nom français -, le frotter avec de l’eau sur une pierre creuse destinée à cet usage, puis enduire les joues, le front, les bras et toute autre partie exposée aux rayons du soleil. En séchant, la lotion devient beige clair et forme une couche protectrice. J’ai testé pour vous, ça sent très bon et c’est un excellent lifting !


Et la colline de Mandalay ? C’est 1 700 marches à gravir pour se trouver là-haut au coucher du soleil, admirer le fleuve rougeoyant, et les pagodes blanches et dorées dans la brume du soir. Pas mal, mais il faut redescendre dans le noir !





Mandalay, 11 février 1993

Tiens ! Revoilà Sébastien ! Il est arrivé en bus de Pagan, et loge non loin de notre hôtel. Je vais vous parler un peu de lui : 22 ans, étudiant en architecture, interruption des études pour voyager. Lui, il est parti au moins pour un an ; ses parents lui font parvenir son argent de poche, en moyenne trois mille francs par mois, ce qui l’oblige à voyager au plus juste prix, à préférer le train à l’avion, ou le car au train, à partager une chambre avec d’autres routards, et à marchander tous les prix. Nous en avons d’ailleurs bénéficié chaque fois que nous étions ensemble !
Pas plus tard que ce matin, nous allons essayer d’acheter les billets de train pour Rangoon directement auprès du chef de gare et les lui payer en kyats. Chez les routards, tout le monde affirme que c’est impossible et que les billets doivent officiellement être achetés cher Myanmar Tourism en dollars ou FEC ! Opération réussie ! Grâce à Sébastien, nous payons les billets quinze fois moins cher !

Maintenant, le voilà qui marchande le taxi que nous allons prendre pour aller visiter Amarapura : “Belaoulé ?” demande-t-il au chauffeur. Après quinze minutes de difficiles négociations au milieu d’un attroupement de passants amusés, nous partons dans la camionnette Mazda brinquebalante.
Le conducteur nous dépose à l’entrée du pont d’U-Bein. Nous continuons à pied par le pont de teck, long de plus d’un kilomètre qui enjambe un lac presque entièrement asséché. Nous surplombons les cultures, les chemins de poussière où circulent les chars à bœufs, et les étangs d’élevage de canards. Les bicyclettes qui ont le droit d’emprunter le pont font vibrer et craquer ses vieilles planches, mais il tient encore bon malgré ses deux cents ans.
Lorsque nous revenons au taxi, une surprise nous y attend : le frère du chauffeur, étudiant en agronomie, qui passait justement par ici… bizarre, bizarre, il n’a vraiment pas la tête d’un étudiant en agronomie, avec ses 40 ans, mais qu’est-ce qu’il parle bien l’anglais… 












Il ne nous lâche plus d’une semelle ; dès que nous mettons pied à terre, il nous suit partout, même sur une colline de Sagaing où les fidèles sont nombreux à venir prier Bouddha. Il faut monter, monter, monter des centaines de marches malgré la chaleur, quelques fleurs à la main. De là-haut, la vue sur le fleuve et les autres collines est magnifique : de tous côtés, noyés dans la végétation et les fleurs, les pagodes blanches pointent vers le ciel leur hti doré.


Retour vers Mandalay pour rendre visite aux artisans : sculpteurs de bouddhas de marbre blanc, forgerons qui fabriquent les htis, fabricants de papier de riz, ateliers de feuilles d’or, doreurs de statues. Partout, les méthodes sont restées traditionnelles.


Mandalay, 10 février 1993

Carte postale d'une peinture montrant le transport du bois sur l'Irrawadi


Quelle journée ! D’abord trouver le bus qui va à l’embarcadère, puis, parmi les dizaines de rafiots, trouver celui qui va à Mingun. Celui-là ? Merci, monsieur !
Il a l’air petit, mais on s’aperçoit que l’on peut mettre beaucoup de monde là-dedans. Hormis les bonzes, personne n’a droit à un régime de faveur : femmes enceintes, bébés, vieillards, tout le monde par terre, les genoux sous le menton !
Nous remontons lentement l’Irrawady, tout en observant la vie sur le fleuve et ses rives : buffles au travail, hommes tirant des bateaux sur les chemins de halage, bancs de terre cultivés et habités au milieu de l’eau, énormes radeaux de bambous. Après une heure et demie de lente navigation, nous atteignons Mingun. Pour info, la station de chars à bœufs et en face du débarcadère !
Nous préférons continuer à pied par un chemin poussiéreux. Premier arrêt devant une école ; c’est l’heure de la récréation, le moment idéal pour utiliser mon dictaphone et faire éclater de rire la ribambelle d’enfants qui nous entourent, les yeux pétillant de joie.



[My Name is Sally]

Deuxième arrêt : la pagode Settawya, si blanche sous le soleil. Enfin, un peu d’ombre pour se reposer. Troisième arrêt, Mingun Pagoda : cet immense cube de briques rouges de cinquante mètres de hauteur devait être la base de la plus grande pagode du monde. Sa construction a été interrompue par la mort du roi qui l’avait imaginée.

Nous continuons notre chemin, maintenant accompagnés par une fillette de cinq ou six ans et de son petit frère qu’elle tire par le bras. Elle marche devant pour nous indiquer le chemin d’une immense cloche où une bonzesse, toute de rose vêtue, se fait prendre en photo. “Par ici maintenant, semble nous dire la petite fille, venez voir la pagode Hsinbuyme !” Assise à l’entrée, une bonzesse nous surveille et tend déjà son bol dans notre direction.








Après avoir offert un sachet de graines à grignoter à nos deux petits guides, nous nous installons dans l’une des gargotes au bord du fleuve. Une tablée voisine s’amuse de nous voir humer les plats qu’on nous pose sur la table, et nous propose de goûter aussi les siens. C’est pas d’refus ! Rien à craindre, il ne s’agit que d’un curry de poulet bien relevé et accompagné de riz.

Le bateau du retour est encore plus bondé qu’à l’aller. C’est profond l’Irrawady ?

Mandalay, 8 février 1993



Mandalay est la deuxième agglomération du pays : la ville n’est pas belle, car une grande partie, qui a brûlé en 1984, a été reconstruite en style “moderne”. Les rues, très poussiéreuses en cette saison sèche, se coupent à angle droit et portent des numéros comme aux States. La circulation se compose presque uniquement de deux-roues, et de nombreux cyclo-pousse, appelés trishaws, qui peuvent transporter deux passagers dos à dos.

Fleurs pour les offrandes

Offrandes "fleurs" composées de billets de banque

Offrande plus élaborées toujours avec des billets

C’est vers la pagode Mahamuni que nous nous dirigeons d’abord : elle abrite un bouddha doré complètement boursouflé par les dizaines de milliers de feuilles d’or collées sur sa poitrine par les fidèles. Seuls les hommes peuvent accomplir ce rite ; les femmes, quant à elles, prient devant la statue, assises par terre dans une position typiquement asiatique : genoux repliés sur le côté, et pieds dirigés dans la direction opposée au bouddha. Malgré diverses tentatives en Thaïlande, je ne résiste pas plus de deux minutes à cette position inconfortable.



[Ambiance du temple Mahamuni]

Cet après-midi, repos obligé dans la chambre : Picou est fiévreux et fatigué. Au programme : Doliprane et sieste, avant d’attaquer une nuit de sommeil dès 19 heures !

Pagan, 7 février 1993

Peinture représentant la pagode Sulamani


[Ambiance au temple Manuha]



Notre conducteur de carriole, nous propose d’aller visiter une fabrique d’objets de laque où le maître des lieux, Maung Aung Myi nous reçoit autour d’une tasse de thé vert : il nous explique la fabrication des objets laqués dont son père était déjà un maître, et nous montre le petit bureau où il dessine les motifs et les personnages qui seront reproduits sur les bols, les boîtes, ou les paravents. Nous restons ébahis devant ses dessins. Si vous passez à Pagan, allez les voir !
Impossible de repartir les mains vides : enveloppé dans un morceau de journal, j’emporte une petite merveille, un bol laqué très spécial. Son armature est faite de très fines lanières de bambou tressées avec du crin de cheval, qui lui donne beaucoup de souplesse ; la laque, de couleur brique, est gravée de minuscules motifs imaginés par le maître, et délicatement reproduits par d’habiles jeunes filles de Pagan.

Aujourd’hui Cocotte, cap sur Nyang-U ! Comme tous les mois pendant la pleine lune, des petits garçons vont entrer comme novices dans un monastère. Toutes les familles sont sur leur 31, surtout les femmes et les fillettes au maquillage de stars - voir Elisabeth Taylor dans Cléopâtre. Des photographes sont là pour immortaliser cette importante journée dans la vie d’une famille birmane. Chacun vient se faire immortaliser dans un décor de fleurs, de néons clignotants, de bouddhas et de paillettes.







Dernier dîner à l’Evergreen, repaire d’une vingtaine de routards qui échangent leurs impressions et leurs bons tuyaux. Demain, envol pour Mandalay. Two chicken fried rice, please !

Pagan, 6 février 1993

Ce matin, déménagement en vélo et tonga. Nous allons à l’Ayeyar, et Sébastien au Coop, le plus basique des établissements de Pagan. De minuscules chambres sans fenêtre, séparées par de fines cloisons dont le haut est formé d’un grillage. Faut avoir le moral !



Nous nous déplaçons à trois dans notre tonga préférée, la 66 : comme il est agréable de sillonner les petits chemins de poussière au son des grelots de la mule et des paroles d’encouragement de son maître ! Shwezigon, Kubyaukkyi, Sulemani, Dhammayangyi, Myinkaba… Mes mollets ont retrouvé du tonus grâce aux marches hautes et irrégulières des temples de Pagan !

[La tonga 66]


Pagode Shwezigon

Pagode Shwezigon

Dragon à la pagode Shwezigon

Statue à la pagode Shwezigon


Toujours aussi peu de monde, peu de fidèles, peu de marchands de souvenirs.
Il s’est, en effet, passé quelque chose de très grave ici en 1990 : le gouvernement militaire a fait raser tous les bâtiments se trouvant sur le site archéologique, c’est-à-dire habitations, boutiques de souvenirs, restaurants, guesthouses. Les habitants ont été conviés à déménager vers New Pagan à quelques kilomètres de là, et à ne pas demander de dédommagement !
Aujourd’hui, le village de Pagan n’existe plus, seuls trois restaurants et quatre hôtels de classe “supérieure” ont survécu au massacre. Quelques vendeurs ont réinstallé de petits stands à l’entrée des pagodes et des temples les plus visités.

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