C'est l'histoire d'un couple qui, arrivé dans la quarantaine, s'organise pour partir un an, en congé sabbatique, sac au dos, en Asie.
Petit détail : ceci s'est passé en 92-93 !
Après relecture de Routards & Cie, que Sally avait rédigé à notre retour, nous avons décidé d'en faire un blog d'une durée d'un an en respectant le texte original et sa chronologie afin d'y retrouver les émotions de l'époque.
Les 675 photos, les 65 documents scannés, les 12 dessins, les 125 vidéos et les 95 enregistrements sonores sont d'époque aussi.
Bonne lecture !

Bangkok, 29 décembre 1992



Mardi 26 décembre, arrivée de Marie-Luce, notre hôtesse de l'air à nous.
Nous l’attendons impatiemment dans les salons de l’Indra Regent ; enfin, le portier de l’hôtel ouvre grand les portes sur l’équipage d’Air France qui vient juste d’arriver. La voilà, notre Marie-Luce, elle nous cherche timidement du regard comme si elle avait peur de ne pas nous trouver. Puis elle nous repère et nous sourit ; nous avons tous la larme à l’œil. 


Nous passons ensemble toute la soirée et la journée suivante. 

[Ambiance dans un marché de fringues]




Le 28, elle fait un vol Bangkok-Saigon et retour, et nous nous quittons le 29 après un dernier repas dans un restaurant voisin.

[C'est le départ]

Bangkok, 25 décembre 1992

Ce matin, une brusque chute du thermomètre, accompagnée de vent et de pluie, nous fait ressortir des vêtements que nous croyions être entrés dans le domaine de la science-fiction.
Ceci ne nous empêche pas de partir à la recherche de films-diapos jusqu’au siège social de Kodak-Thaïlande au bord de l’autoroute menant à l’aéroport. Évidemment, on ne vend pas de films dans un siège social. Retour en ville ! C’est fou tout ce qu’on peut faire quand on a le temps !

[Ambiance de bus]

Lunch chez McDo, et après-midi dans la chambre, où le Petit François fait tous les jours des découpages et des collages dans son agenda. Chaque date a droit à un ticket de bus, une entrée de musée, un ticket de caisse, une photo de pute, une étiquette de bière…
Il est gentil, le petit ! Il fait beaucoup de progrès, mais toujours pas en anglais.



Bangkok, 24 décembre 1992



Aujourd’hui, première visite touristique : direction le musée National. C’est un ancien palais composé d’une vingtaine de bâtiments assez peu fréquentés par les touristes ; très belles galeries consacrées à l’art d’Ayuthaya et de Sukhothaï. Nous reviendrons un autre jour pour les autres salles.

[Petite musique du marchand de glaces]

Cet après-midi, bateau-bus jusqu’à l’Oriental, THE hôtel de Bangkok.
Nous allons chez Nikon, non loin de là, faire réparer le grand-angle de François qui fait gling-gling quand on le secoue. Alors pourquoi le secouer ?


Le retour ne se déroule pas comme prévu : lorsque le bateau arrive, il faut vite sauter sur le pont –, car il ne s’arrête pas : comme les bus, il ralentit seulement. François a sauté, mais moi pas, car le bateau s’éloignait déjà. Adieu mon François !


Je saute dans le bateau suivant qui, étant un rapide, double celui de François sans que je m’en aperçoive. Arrivée à ma station, je descends et m’étonne de ne pas y trouver Doudou, peut-être est-il descendu à la station suivante ? Je rentre seule en tuk-tuk à travers les encombrements de l’après-midi. Ce n’est que deux heures plus tard, alors que j’imagine déjà le pire, que François apparaît : il avait bien vu un bateau doubler le sien, mais ne savait pas si je l’avais pris. Arrivé à notre station, et ne me voyant pas, il décide d’attendre le bateau suivant, puis le suivant, puis etc.
Quelle aventure, quel suspense, chers amis !


Ce soir, bamboula dans la guesthouse. Après avoir picoré au buffet, nous nous esquivons discrètement, laissant les autres touristes à la joie du réveillon de Noël. Décidément, on ne s’y fait pas !

[Fiesta à la Prasuri Guesthouse]

Bangkok, 23 décembre 1992



Journée bien remplie, notre vie quotidienne à Bangkok commence à s’organiser : la poste pour l’envoi du courrier, la banque pour l’achat de bahts. Impossible d’utiliser les cartes de crédit dans les distributeurs pourtant nombreux car nous avons oublié le mot de passe qui permet d’accéder au code confidentiel dans l’agenda électronique de François !

Maintenant que nous sommes riches de quelques centaines de bahts, allons faire des courses au Central Department Store que nous avons repéré hier. Consultation du plan des bus : c’est le n°8 qu’il nous faut. Le voilà déjà ! Après l’avoir attrapé au vol - les bus ne s’arrêtent pas, ils ralentissent - nous expliquons à la poinçonneuse où nous allons. Elle consulte quelques voyageurs, et nous fait comprendre qu’elle nous avertira le moment venu. Le bus roule, roule, roule, et François devient de plus en plus perplexe, penché sur le plan de Bangkok. Non seulement nous ne reconnaissons rien, mais des bretelles d’autoroute commencent à apparaître dans le paysage urbain. C’est là que l’on nous fait descendre, devant le Central Department Store. En fait, il existe quatre succursales du même magasin à Bangkok, et deux lignes de bus portant le n°8, l’une climatisée, l’autre pas, avec des itinéraires différents ! Nous ne sommes qu’à dix kilomètres de “notre” magasin ! On apprend tous les jours.



Voilà, rien d’extraordinaire, une journée toute simple. Nous nous apercevons que notre temps d’adaptation est très court, et que Bangkok n’est pas si désagréable lorsqu’on a des activités extra-touristiques. Bien que la ville soit extrêmement bruyante et polluée, nous nous y sentons bien. Il suffit de bien appliquer une règle importante : ne pas entreprendre de grands trajets en ville après 15 ou 16 heures, car les encombrements bloquent tous les axes principaux.
En ce moment Bangkok a un petit air de fête pour la fin de l’année : le bouddhisme s’efface devant les impératifs du capitalisme. Partout des Merry Christmas et des Happy New Year, c’est comme à la maison !
Comme le Méridien ou l’Oriental, la Prasuri Guesthouse - c’est la nôtre - va fêter Noël : soirée gratuite, j’ai bien dit gratuite, avec buffet, musique disco et jeux divers. Nous qui fuyons les réjouissances orchestrées de fin d’année…On l’aime bien notre guesthouse : au rez-de-chaussée, c’est la réception-salon-restaurant-cuisine-buanderie-toilettes. Le jeune patron est obsédé par l’alignement des tables et des chaises du restaurant. C’est lui qui met personnellement en éventail les minuscules serviettes en papier enfoncées dans un petit présentoir sur chaque table, et qui ne manquent pas de venir toutes ensemble alors qu’on n’en veut qu’une !
Il est secondé par sa sœur cadette et un personnel entièrement féminin composé de jeunes filles de 15 à 20 ans. Les plus jeunes, qui parlent à peine quelques mots d’anglais s’occupent nonchalamment de nous avec le sourire. Entre deux commandes, elles se vautrent dans les canapés de skaï en rigolant ou en feuilletant des bandes dessinées.




Si tu as soif, tu vas te servir tout seul dans le frigo, eau minérale, bière ou Coca. Mais aussi de petits flacons de verre marron portant une étiquette écrite en nouilles. C’est quoi ? Du fortifiant à base de plantes ?

Pour le linge que tu donnes à laver et repasser, mieux vaut aller le chercher toi-même dans l’armoire de la cuisine car les slips de la 15 sont mélangés avec les petites culottes de la 23, et les T-shirts de la 3 avec les shorts de la 12 !

Dans tout le rez-de-chaussée, la vedette actuelle c’est Lang, le chiot du patron qui pique toutes les chaussures qui traînent, pour les déposer au pied du faux sapin de Noël recouvert de boules de coton, de billets de banques et de boîtes de dentifrice.

Notre chambre, la 405, située près de l’un des autels des ancêtres, est claire et spacieuse, exactement ce qu’il faut pour nous reposer, écrire et lire. Et dans notre petite salle de bains, une douche avec eau froide (tiède) et toilettes thaïlandaises. Vous connaissez ce modèle ? C’est à la turque, avec un petit jet au bout d’un tuyau pour nettoyer… heu, nettoyer ce à quoi vous pensez !



Bangkok, 22 décembre 1992

Aujourd’hui, objectif n°1 : récupérer notre courrier chez Travex. Pour nous y rendre, la réception de la guesthouse nous conseille de prendre le bus n°15 dans une rue adjacente ; pendant 20 minutes, nous voyons passer les 68, les 10, les 23, les 48, les 11, bref tout le tirage du loto, mais toujours pas de 15.
Et si nous prenions un tuk-tuk ? François négocie par gestes, un prix de cinq doigts : 50 bahts, ce n’est pas excessif. Arrivés à destination, le conducteur veut nous faire croire que le prix conclu est de 500 bahts et non 50 ! Renégociations difficiles qui se terminent par 80 bahts (16 francs), sûrement le prix qu’un local paierait avec sa famille pour faire le tour complet de la ville !
Au retour, nous prenons le bus n°11, air conditionné, rideaux bleus, radio en stéréo et poinçonneuse à casquette, pour 6 bahts par personne.

Mais revenons au courrier : cette fois, dix lettres, un bouquin envoyé par notre copain Jacques, un paquet-surprise de Philippe et Chantal contenant une demi-bouteille de Bordeaux et un saucisson Justin qui ? Le tout en parfait état de mâche ! Et pour terminer, deux paquets de livres que nous nous étions nous-mêmes envoyés avant le départ.

Comme d’habitude, nous sommes rentrés nous installer au calme et au frais, dans notre chambre : Véro, la sœur de François, aimerait nous rejoindre en Indonésie dans quelques mois, Daniela est toujours amoureuse, Nathalie m’envoie les photos de son premier-né, Marie-Luce, notre copine hôtesse de l’air, nous annonce qu’elle ne pourra être à Bangkok à la fin de l’année car elle est de réserve. Les chances de nous voir sont minimes.
Tiens, on tape à la porte de notre chambre, je reviens… C’était un coup de fil pour nous : un fax urgent vient d’arriver chez Travex nous avertissant que Marie-Luce arrivera le 26 à Bangkok sur le vol régulier d’Air France ! Youpi !!!

Bangkok, 21 décembre 1992

THAÏLANDE
Un circuit en avion et voiture, en 1987, nous avait laissé une impression mitigée : celle d’un pays qui mise à outrance sur le tourisme de masse, et où l’on parle d’argent avant de dire bonjour.


La famille royale


Nous venons de dîner dans le restaurant-réception de la guesthouse où nous sommes descendus. Notre chambre ne sera libre qu’à 23 heures, alors nous regardons d’un œil distrait la télévision où passe une vidéo romantique, l’Arme fatale ou Terminator ?
Dans la salle, une quinzaine de clients occidentaux, que des jeunes ! Deux touristes sont accompagnés de nymphettes locales.




M. et Mme Dumant ont appelé leur fille... Mariette !

Aéroport de Katmandou, 21 décembre 1992



Dans une heure, nous décollons pour Bangkok avec la Thaï. François se réjouit déjà de la fine silhouette des hôtesses. Non pas que je sois devenue obèse, mais il faut bien avouer que les pâtisseries de Katmandou, hum… J’attribue l’Éclair d’Or à l’apple pie, suivi de près par l’Apfelstrudel, et loin derrière le lemon meringue pie et le chocolate brownie.

Depuis la salle d’embarquement, j’aperçois le boeing de la Thaï qui se range bien sagement.
Nous venons de passer deux semaines à Katmandou ; pas de grand coup de cœur, mais un séjour agréable dans une ville, somme toute bruyante et polluée. Le paysage urbain, particulièrement celui de Thamel, s’est développé de façon anarchique. Que des cubes de ciment recouverts de briques !
Dommage qu’il faille faire plus de vingt kilomètres pour commencer à voir un véritable paysage de campagne, de belles fermes au toit de chaume, ou des cultures en terrasses.

L’embarquement commence. À tout de suite.
Voilà, nous sommes installés : Airbus A300, 2 heures 45 de vol, écouteurs, décorations de Noël (mais c’est bon sang bien sûr !). J’ai faim !

Les Népalais sont des gens adorables, au caractère très doux. Ils sont généralement prêts à rendre service, le sourire aux lèvres, sans arrière-pensée. Ils s’excusent lorsqu’ils vous bousculent. Jamais vu ça en Inde !
Les plus âgés portent encore le costume traditionnel, pantalon et tunique longue, gilet sans manche et sorte de haut calot sur la tête. Les femmes portent de moins en moins le sari. Les jeunes connaissent les jeans, les blousons et les T-shirts.

Ah ! Voilà les boissons. Un jus de tomate, s’il vous plaît ; et les peanuts, y en a plus ?
Poulet ou poisson ?
Bon, le repas est terminé, nous venons de remplir les formulaires d’entrée en Thaïlande, j’ai fait un strip-tease dans les toilettes. À bas les collants, le pull et le cache-col !
La descente commence sur Bangkok, l’hôtesse annonce 90° Farenheit : 32 degrés de chez nous…

P.S. J’ai eu des nouvelles de M. et Mme Dumant : ils ont une fille, la petite…

Sankhu, 17 décembre 1992


Aujourd'hui, on se prend un taxi pour Sankhu, à une vingtaine de kilomètres de Katmandou, bon point de départ pour une balade à pied dans la campagne. On passe le long de rizières, puis on voit la récolte des pommes de terre tout en passant devant des fermettes aux teintes saumon. Elles sont couvertes de chaume, le maïs sèche le long des façades, on bat le millet... Le travail ne manque pas.






Nous arrivons au temple de Vishnou à Changu Narayan, tout de bois sculpté. Par endroits, il reste même les peintures d'origine.


Après un lunch dans un petit restau dans l'enceinte même du temple, nous continuons vers Bhaktapur en longeant des prairies et des cultures en terrasses. Superbes paysages. Belle balade !



Bhaktapur, 15 décembre 1992



Aujourd'hui, c'est le temple Nyatapola de Bhaktapur qui vient s’ajouter à ma série de dessins que les enfants continuent de venir commenter.






La ville est extrêmement riche en monuments historiques, au point qu'on se croirait dans un musée à ciel ouvert. Pendant que nous flânons au petit bonheur la chance, d'autres travaillent, comme les potiers, ou se réchauffent au soleil pâlot.









Bodnath, 14 décembre 1992



Juste avant Bodnath, on passe au temple de Pashupatinath, que nous n'avons le droit de voir que de l'extérieur.
Quant à l’immense stupa de Bodnath, il est très photogénique et on peut grimper sur ses terrasses pour obtenir des angles de prise de vue assez originaux.




Contrairement à Swayambunath, il est complètement encerclé de maisons et de boutiques tenues par des Tibétains. Le commerce va bon train dans ce lieu de pèlerinage.

[Ambiance de Bodnath]


Katmandou, 13 décembre 1992



Y a des soirs avec, et d’autres sans. Aujourd’hui, c’est sans, alors je me sers d’une bougie… pour essayer le lire dans l’obscurité. Oui, vous l’avez compris, l’électricité est rationnée et nous avons droit à des coupures tournantes : le matin de 7 à 9 heures, ou le soir de 18 à 20 heures.


Raj de dents, bien sûr !

Drôle d’atmosphère dans les rues sombres, quand toutes les boutiques ont baissé leur rideau de fer. Lampe électrique à la main, nous partons alors à la recherche de notre restaurant ; le feu de bois du Mandap, l’atmosphère New Age du Scala, ou le brouhaha du K.C.’s ? Après le dîner, alors que le courant est revenu, digestion dans les librairies qui restent ouvertes très tard. On farfouille dans les livres de poche d’occasion, dans les bouquins d’architecture newari, le papier à lettre artisanal, les calendriers 93. Au fait, ce n’est pas trop excité sur le boulevard Haussmann ?

Patan, 12 décembre 1992



Deux autres villes de la vallée méritent amplement le détour. Il s’agit de Patan, juste au sud de Katmandou, et de Bhaktapur à une trentaine de kilomètres à l’est. Elles doivent leur beauté à la dynastie des Malla qui régna pendant 600 ans sur la vallée.

Colonne du roi Malla

Colonne de Garuda


À chacune son Durbar Square avec ses temples et ses palais restaurés, et ses mômes espiègles et délurés capables de vous faire faire une visite complète de la ville, boutiques comprises, en trente minutes. 




[Ambiance de Patan]



A Patan, je profite d'un peu de temps pour faire une esquisse du temple Hari Shanker.



Swayambunath, 11 décembre 1992



Quand on dit Katmandou, on voit immédiatement se dessiner les stupas au regard énigmatique de qui ? De Bouddha, bien sûr !



Hum ! Je vois que vous n’arrivez pas à suivre. Pourtant c’est simple : bien que l’hindouisme soit l’actuelle religion d’Etat, Bouddha a une place de premier choix car il est né au Népal, et ça attire des foules de Japonais dans les luxueux hôtels de Lumpini !


Nous voilà au stupa de Swayambunath vers dix heures et demie, quand la lumière est la meilleure. Les yeux de Bouddha nous voient venir de loin avec notre caméra et notre appareil photo. Comment voulez-vous résister à de telles couleurs ? Du blanc, du doré, des drapeaux de prières multicolores, un ciel bleu intense…



Pendant que François mitraille, je dessine, ou plutôt j’essaie de dessiner. Pas facile quand le défilé commence et que chacun y va de son commentaire. Heureusement que je ne comprends pas le népalais. Soudain, une petite voix de garçon me demande gentiment :
– Artist ? (ça fait quand même plaisir !)
– No, tourist !



Katmandou, 10 décembre 1992



Terminées les cadences infernales du Bhoutan ! Quel plaisir de pouvoir à nouveau visiter à notre rythme !
Après un succulent petit déjeuner - quoi ? Vous ne connaissez pas les pancakes de la Tibet Gest-house ? -, un peu de lecture en attendant que le soleil chauffe : contrairement aux pays tropicaux où l’on ne sort qu’aux heures les plus fraîches, ici, nous visitons aux heures les plus chaudes. En général, pas avant dix heures. Si le thermomètre grimpe à plus de 25° à la mi-journée, c’est plutôt frisquet le soir, la nuit et le matin. François s’est finalement acheté un gros pull à torsades, façon Irlande et pour moi c'est un gilet.


On peut dire qu’il y a de quoi s’occuper, surtout dans le quartier de Durbar Square : un magnifique fouillis de temples aux toits superposés bordés de clochettes de cuivre. Selon la direction du soleil, touristes et Népalais se réchauffent sur les hautes marches des bâtiments, pendant que des enfants viennent quémander des pièces de monnaie étrangères pour les échanger contre des roupies auprès d’autres touristes. Ils s’emmêlent les pédales entre tous les pays.


De nombreux temples ont été restaurés avec des méthodes traditionnelles qui ont permis aux artisans de la vallée de faire revivre leur art : bronze coulé, cuivre repoussé, sculpture sur bois, fabrication de tuiles et briques. Le résultat est vraiment superbe.
Shiva, Parvati, Krishna ou Vishnou peuvent être fiers de leurs disciples !



À dix minutes à pied de Durbar Square, c’est le quartier chic, l’avenue de l’Opéra et les Champs-Élysées. Les grands hôtels, Annapurna ou Yak and Yeti, et les compagnies aériennes ; nous reconfirmons le vol sur Bangkok, le soleil, la chaleur, la plage… mais, je m’égare. Et puis, là, regardez ! Un Nirula’s comme à Delhi ! C’est le repaire des ados en jeans qui viennent draguer les minettes devant leurs grandes coupes de crème glacée. “Mint and Chocolate Chips, please !”

[Ambiance de Katmandou]


Puisque nous abordons l’incontournable chapitre “nourriture”, voilà la situation.
Rien à redire, la Pizzeria Rimini prépare des plats mexicains, la Tibet Kitchen sert des plats chinois, l’Everest Steak House des spaghettis. Après, ça se gâte car la Nepali Kitchen cuisine des plats népalais, et Old Vienna des wiener Schnitzel et des Apfelstrudel. Allez y comprendre quelque chose !

Katmandou, 8 décembre 1992

NÉPAL
Les Chemins de Katmandou, le mouvement hippy… 
Mon imaginaire s’arrête aux années 70.
Nous espérons retrouver un peu de chaleur et de soleil !



Hier matin, nous décollons de Paro en direction de Katmandou. En raison d’une épaisse couverture nuageuse, l’avion de Druk Air ne peut se poser au Népal, et nous continuons vers Delhi pour y prendre des passagers, avec l’espoir d’arriver à destination pendant le vol retour de Delhi à Paro ; ça nous fait trois heures d’avion à l’œil, sans compter un snack et un déjeuner. On se console comme on peut !



Aéroport de Katmandou en début d’après-midi. Petite déception : finis les visas baveux qui donnent du caractère aux passeports. Ici, c’est un vulgaire autocollant numéroté et anonyme ! Un taxi aux sièges défoncés nous dépose dans le quartier de Thamel, non sans nous avoir vanté son propre catalogue d’hôtels, photos et prix à l’appui. Nous nous installons provisoirement au Mandap.


Le quartier de Thamel est le coin des routards, des guesthouses, des petits restaurants, des agences de treks, et des boutiques d’artisanat.
Si l’on tend bien l’oreille, on perçoit quelques phrases murmurées sur notre passage : “Smoke hasch ? (on passe la tête haute)… change dollars ? (on commence à écouter), 48, good rate (on ne dit toujours rien), 49 (on ne s’arrête pas), 50... (ça devient intéressant…)”. Cinq minutes plus tard, nous ressortons de la boutique de tapis avec nos roupies.
Nous nous dénichons une belle chambre dans la Tibet Guesthouse. Cinquième étage et terrasse plein sud, pour un prix modique mais négocié… C’est le début de la basse saison, les hôteliers sont prêts à faire des efforts. Namaste, à demain !

Paro, 6 décembre 1992



Dimanche, c’est le jour du marché à Thimpu. Vendeurs et vendeuses exposent leurs produits sur des plateformes en bois ou à même le sol. Riz, aubergines de toutes formes, haricots verts, tomates, pommes de terre et piments rouges séchés côtoient les clémentines, les pommes et les petites bananes en provenance du sud du pays.

Un peu plus loin, le boucher expose ses quartiers de viande de yack. Très important, le yack, car c’est un animal de bât qui fournit du lait, du beurre, du fromage, de la viande et une fourrure imperméable.



On trouve aussi des bols en bois tourné, de la vannerie et des tissus, sans oublier les objets de culte qui ont aussi leur place au marché où l’on peut tester la sonorité des clochettes ou des trompes.


La plupart des habitants portent le costume local : les hommes enfilent une sorte de manteau épais. On dirait une robe de chambre qui descend au genou et qui blouse à la taille - le blousant sert de poche -. Les chaussettes, quant à elles, s’arrêtent sous le genou. Ça laisse quand même dix centimètres exposés au froid.






Les femmes portent une étoffe de coton ou de laine avec de jolis motifs géométriques dans des teintes assez vives. La pièce de tissu est enroulée autour du corps ; elle est maintenue à la taille par une ceinture de couleur, et aux épaules par une fibule souvent très ouvragée. Par-dessus cette robe, elles enfilent un léger caraco en T, sans bouton et à larges revers. Par grand froid, elles portent aussi une veste de laine colorée qui pourrait avoir un bel avenir en France. On remarque aussi quelques anoraks et blousons à l’occidentale.



Retour à Paro, d’où nous redécollons demain matin vers Katmandou. Pour nous faire plaisir on nous donne une suite glaciale bien trop grande à chauffer.




En attendant le dîner, je feuillette l’unique parution hebdomadaire, Kuelsen. Elle ne coûte que 2 ngultrum - le ngultrum étant divisé en cent chetrum, comme chacun le sait. Dans la dernière édition en anglais, quelques nouvelles attirent mon attention. Ainsi, dans le district de Tashighang, un veau est né sans anus. Après une opération réussie, la nature a fait le reste.
Ou bien, un pompier japonais qui avait mis un chat mort dans le tiroir du bureau de son chef qu’il déteste, a perdu son procès en appel.
Mais l’on apprend aussi que le Bhoutan a déjà reçu cette année 2 500 visiteurs, incluant deux Picard qui repartent frustrés.



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