C'est l'histoire d'un couple qui, arrivé dans la quarantaine, s'organise pour partir un an, en congé sabbatique, sac au dos, en Asie.
Petit détail : ceci s'est passé en 92-93 !
Après relecture de Routards & Cie, que Sally avait rédigé à notre retour, nous avons décidé d'en faire un blog d'une durée d'un an en respectant le texte original et sa chronologie afin d'y retrouver les émotions de l'époque.
Les 675 photos, les 65 documents scannés, les 12 dessins, les 125 vidéos et les 95 enregistrements sonores sont d'époque aussi.
Bonne lecture !

Bena, île de Florès, 6 juillet 1993




Ce matin, visite d'un beau village traditionnel Ngada - voir le Quid, chapitre Ethnologie - du nom de Bena.
Les bus n’y passent pas, nous devons louer une voiture. Je vous entends d’ici : “Et il est où, le bureau Avis-Hertz à Bajawa ?” Ben, y’en a pas ! Il suffit d’en parler autour de soi : c’est le patron du restaurant Wisata qui propose de nous conduire en jeep jusqu’à Bena.


Une route sauvage, défoncée, étroite et sinueuse, bordée de fleurs et de bambous géants nous mène jusqu'au village, au pied du mont Inarié.



Nous voici au cœur de la nature, environnés de cris d’oiseaux inconnus, enveloppés dans la brume matinale, à mille lieues de la civilisation. Ah bon ? Il faut payer un droit d’entrée ?



Séchage du maïs

Mais le village est beau, serein : les maisons sont en bambou, avec un toit de palmes ; sous quelques vérandas, des femmes travaillent devant leur métier à tisser, dents et lèvres rougies par une chique de bétel, chiens et enfants autour d’elles.


La pluie s’est mise à tomber, et nous nous sommes assis sous une véranda au milieu des enfants enveloppés dans leur sarong. Je leur fabrique la cocotte-qui-remue-les-ailes-quand-on-lui-tire-la-queue, et je leur montre mon tour de magie favori. Grand succès, comme d’habitude !



En échange, ils nous chantent leurs airs préférés, à très nette tendance polynésienne ; un petit moment de bonheur que j’enregistre sur le dictaphone.

[Chansons d'enfants]


La population est très mélangée à Florès : certains ont le type malais comme à Java, d’autres sont d’origine chinoise - comme d’habitude, ce sont les commerçants -, et d’autres annoncent déjà les îles du Pacifique, avec leurs cheveux crêpus, et leur nez épaté.



La plupart des habitants sont catholiques, version animiste, et l’on nous demande souvent quelle est notre religion. Je peux alors prendre mon plus bel accent et répondre en indonésien : “Katolik.” Alors, les yeux s’arrondissent d’étonnement, et semblent dire : “Nous sommes donc du même monde !”

Vous ne le savez pas, j’ai fait de gros progrès en indonésien. Maintenant je parle aussi bien indonésien que Picou anglais, et comme lui, j’ai beaucoup de mal à comprendre les réponses…

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