Ce matin, François est toujours de mauvaise humeur, il ne parle plus. Je rassemble mon courage et je pars en ville avec Papa Kashmiri. Nous avons chacun notre mission : moi, acheter les billets pour Leh, lui, essayer de trouver de la nourriture, peut-être de la viande ou des œufs. Ça mange beaucoup les touristes !
Presque tout est encore fermé, les pierres jonchent les rues, nous croisons quelques blessés aux bandages tout neufs.
Nous revenons seulement avec du paneer qui sera cuisiné avec du curry à la manière d’une viande. J’ai les billets de bus pour le 7, après avoir rattrapé in extremis le vendeur de billets qui fermait déjà le bureau.
J’ai aussi le Kashmir Times qui annonce les résultats du match d’hier : 6 morts et 50 blessés.
Enfin un peu de sérénité cet après-midi : rien de mieux qu’une promenade en shikara dans le dédale des canaux qui serpentent entre les jardins flottants du lac. Il est peu profond, des îlots de culture ont été formés artificiellement en entassant boue et plantes aquatiques ; c’est ce qu’on nomme les jardins flottants. On y cultive beaucoup de légumes, haricots, tomates, courges, maïs, pommes de terre…
Des canards, poules d’eau, oies y vivent en toute liberté, surveillés par les aigles qui ne cessent de décrire des cercles dans le ciel.
De nombreux Cachemiris vivent au bord de l’eau et sur l’eau ; chaque famille possède une shikara pour se déplacer et transporter des marchandises, et les enfants apprennent très jeunes à manier la pagaie, accroupis à l’avant ou à l’arrière de l’embarcation.
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