C'est l'histoire d'un couple qui, arrivé dans la quarantaine, s'organise pour partir un an, en congé sabbatique, sac au dos, en Asie.
Petit détail : ceci s'est passé en 92-93 !
Après relecture de Routards & Cie, que Sally avait rédigé à notre retour, nous avons décidé d'en faire un blog d'une durée d'un an en respectant le texte original et sa chronologie afin d'y retrouver les émotions de l'époque.
Les 675 photos, les 65 documents scannés, les 12 dessins, les 125 vidéos et les 95 enregistrements sonores sont d'époque aussi.
Bonne lecture !

Madras, 20 octobre 1992

Nous sommes à Madras, capitale du Tamil Nadu, depuis deux jours, après un voyage en train de 21 heures.
En arrivant, nous nous offrons le palace du coin, le Connemara : le portier, habitué aux taxis et aux limousines plutôt qu’aux rickshaws, renvoie prestement ce dernier. Ça fait trop plouc devant cette magnifique bâtisse anglaise toute blanche.
Pas de doute, c’est bien un hôtel de luxe : des portiers se précipitent sur nos sacs à dos poussiéreux et attendent de connaître notre numéro de chambre.
Air conditionné, salle de bains en marbre, télévision par satellite, somptueux buffet au restaurant. Nous ne nous sentons pas très bien dans cette ambiance d’établissement international ; pourtant nous descendions encore dans ce type d’hôtels il y a moins d’un an.
Après cette nuit de luxe, qui coûte au moins dix nuits de guesthouse, nous retrouvons nos esprits et déménageons vers le Broadlands dans un quartier populaire.

L'une des cours de l'hôtel Broadlands

Après le luxe, la guesthouse basique. On nous laisse le choix entre plusieurs chambres : l’une au second étage disposant de douches communes au troisième, l’autre au premier “with attached bathroom”.
Nous nous apercevons un peu plus tard qu’il n’y a pas de serviette de toilette, ni de savon, ni de PQ ! A la réception, on me fait savoir que les serviettes et le PQ ne sont pas fournis, et que nous pouvons nous essuyer avec les draps car ils les changent tous les jours. Bon, va pour les draps, mais ce que j’avais pris pour le dessus-de-lit, c’était le seul et unique drap, celui du dessous !


Malgré tout, l’atmosphère est si agréable et le personnel si gentil, que ces petits détails matériels sont vite oubliés et que nous prenons goût à cet étrange hôtel tout bleu, au règlement strict, tenu par de vieux messieurs datant, eux aussi, de la colonisation anglaise.

Le repasseur et son vieux fer à braises

Ce matin, nous réglons quelques problèmes pratiques chez Orient Express ; nous réservons des places d’avion pour les Maldives au départ de Trivandrum, François va enfin pouvoir effectuer ses premières plongées en mer ; ça changera de la piscine !
Et nous récupérons nos premières lettres de France - sept en tout - ainsi qu’un paquet de livres. L’émotion nous serre la gorge. Merci les amis ! Le frère de François, Antoine, nous fait savoir qu’il nous rejoindra en Thaïlande en janvier.

Notre première visite nous mène dans un studio de cinéma, car Madras est le Hollywood du Sud de l’Inde, et l’Inde est l’un des plus gros producteurs de films du monde.
Nous ne trouvons pas de tournage ; en revanche, nous sommes invités à assister à la réalisation des effets spéciaux sonores ; les techniciens, armés d’objets aussi divers qu’étranges, essayent de reconstituer l’ambiance sonore d’une bagarre : os qui craquent avec une bouteille vide en plastique, gifle avec une paire de tongs, coups de poing avec un oreiller… Tout se passe dans une ambiance décontractée, personne ne se prend au sérieux : Myilsamy le chef des bruiteurs, nous fait porter sans arrêt des gobelets de thé au lait brûlant que l’on refroidit en le versant de haut dans une soucoupe creuse ; le metteur en scène s’inquiète de savoir si nous sommes bien assis, bref tout le monde est aux petits soins pour les deux étrangers !

Au temple de Kapaleswar, avant la puja

Dans la soirée, direction l’Académie de musique, où Kiwi sponsorise un spectacle de danses du sud de l’Inde : le Bharata Natyam. Un vrai régal pour les oreilles et les yeux, même si l’on n’y comprend rien.
La salle semble envoûtée par la musique et la danseuse, de nombreux spectateurs battent le rythme de la main ou dodelinent de la tête en fermant les yeux. Nous baignons dans le parfum sucré des guirlandes de jasmin qui ornent les tresses des femmes.
On n’applaudit pas entre les morceaux pour préserver la concentration et l’union magique entre l’auditoire et les artistes.


Fin de la journée au Maharajah, le restaurant végétarien près du Broadlands : riz blanc, paneer, korma, dal, et paratha. A vous de décrypter !

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